samedi 22 septembre 2012

34. Les enfants sont formidables (si,si)


Quand on est un aventurier mystérieux et buriné, on est bien sûr préparé, plus que d’autres, à faire face aux situations les plus incroyables du quotidien. Sauf que quelque fois ça suffit pas du tout, et on se retrouve piégé comme un gros con. Comme quand les enfants commencent à parler de sexualité (et qu’on l’a pas vu venir, mais alors pas du tout).

Préambule.
Bon, c’est horrib’ mais c’est la triste réalité, Sasha adore les spectacles musicaux. On va dire que c’est un truc de meufs. Donc par exemple elle adore regarder la comédie musicale Mozart en boucle parce qu’il y a, je cite, « des jolis costumes et des supers chansons (tristesse) ». Déjà, devant Mozart, elle avait demandé ce que ça voulait dire la chanson « le bien qui fait mal ». En tant que père responsable et bienveillant (et courageux aussi) je lui avais conseillé d’aller demander à sa mère plutôt (mon radar-à-question-qui-pue-du-cul indiquait « ça pue du cul au maximum »)… Sa mère lui a conseillé elle-même d’aller trouver la réponse auprès de son père, donc cette histoire tournait pas mal en rond (d’ailleurs ce jour là on a perdu Sasha dans le couloir). Toujours est-il qu’elle a ensuite passé une semaine à dessiner des messieurs et des madames à quatre pattes avec des porte-jarretelles et des cravaches et des chaînes partout. Je lui ai bien expliqué (bravo ma poupette !) que c’était très fidèle au spectacle mais qu’il fallait tout de même arrêter tout de suite ce genre de dessin et surtout ne JAMAIS les reproduire à l’école, « parce que bon » (j’ai pas trouvé mieux comme argument) (surtout qu’elle dessine sacrément bien alors c’était vraiment flippant). Bref, je suis pas pressé que « Dracula, l’amour plus fort que la mort » soit dispo. Et j’y pisse à la raie à Kamel Ouali (mais de loin quand même des fois qu’il interprète mal mes intentions, on sait jamais).

Ambule.
On était l’année dernière et c’était la soirée des enfoirés sur TF1. J’ai trouvé que ça pouvait être une bonne façon de passer une soirée père-fille avec plein de jolies valeurs à lui expliquer sur fond de jolis costumes (?) et de jolies chansons (??). Bon, je passe sur le fait que je me suis fais chier comme un rat mort et j’entre dans le vif du sujet. Je n’imaginais pas le nombre de pièges diaboliques cachés dans cette émission. Déjà Sasha m’a demandé d’emblée ce que c’était un enfoiré. Putaiiiiiiiiin, le bad. Je l’avais pas vue venir celle-là (pourtant j’aurais dû l’anticiper facilement). Je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut, dans la mesure du possible, pas laisser la question d’un enfant sans réponse. Ceci étant dit, difficile d’expliquer qu’en règle générale (c’est quoi « règle générale » papa ?) ça veut dire « gros enculés » mais que là pas du tout, ce sont plein de gentils chanteurs et acteurs qui font un spectacle pour les plus défavorisés (C’est quoi « défavorisés » Papa ?). 

Après, ça s’est sacrément emballé niveau « drame familial » pendant la chanson « just a gigolo ». Il faut dire que Kad Mehrad en string en cuir à bretelles qui se frotte lascivement contre une barre de lap-dance, ça peut interpeller… Et ça n’a pas raté ! Sasha me demande ce que ça veut dire « un gigolo » ? Du coup, rusé comme un renard, je suis passé par une explication de merde à base de « c’est une prostituée garçon », qui m’a bien sûr donné le droit immédiatement à une question subsidiaire et néanmoins tout à fait pertinente : « c’est quoi une prostituée, papa ? ». Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh (cri de détresse du père seul face à l’immensité de son désespoir) (mon rythme cardiaque est monté à 250 pulsations/seconde et j’ai perdu 12 litres de flotte, j’ai peut-être même fait un prout). J’ai du bafouiller trois merdasses sur la vie la vraie à base de : « tu sais ma chérie, dans la vie, on peut faire des câlins pour faire des bébés, mais il faut être très amoureux, ça s’appelle faire l’amour (« oui, je sais papa, merci ! » - ah bah excuse moi de repartir des fondamentaux ma chérie…). On peut aussi faire des câlins juste pour se faire plaisir, sans faire de bébé, toujours avec son amoureux et ça s’appelle toujours faire l’amour (« ah bon papa ? » - Putain, je sens que le concept de plaisir va être coton à expliquer). Et puis y’a ceux qui préfèrent payer pour qu’on leur fasse des câlins et qui veulent pas de bébé et qui sont pas amoureux. Ces gens là paient des madames prostituées ou des messieurs gigolos ». J’ai pas trouvé mieux. Elle a fait : « Ah, d’accord. En fait un gigolo c’est un monsieur qui met son zizi dur dans le minou d’une dame et qui lui donne ses spermatozoïdes contre de l’argent mais y sont pas amoureux et ils veulent pas de bébé. C’est un peu nul quand même ». C’est sûr, vu sous cet angle…

J’ai trouvé :
1/ Que c’était plutôt un bon résumé, assez sain.
2/ Qu’elle en savait quand même beaucoup à 7 ans sur la façon de faire des bébés. Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou pas. Au moins j’ai l’impression que le cul ne sera pas un sujet tabou à la maison. Quand je pense que la première fois que j’en ai entendu parlé j’étais en CM2 et on m’avait dit dans la cour de récré que pour faire les bébés le papa devait faire pipi dans la maman… (ça donnait pas tellement envie à l’époque du coup). Soit j’étais sacrément en retard (on ne peut pas totalement l’exclure), soit les nouvelles générations sont mieux informées… A suivre, mais pas pressé qu’elle ait 16 ans celle-ci (ni Margot non plus d’ailleurs).

La poursuite de son « éducation sexuelle » (toutes proportions gardées) s’est faite suite à un affreux malentendu à la médiathèque. On était allé là-bas avec les poupettes pour prendre des livres (forcément) et les deux en prenaient allègrement à droite à gauche et les mettaient dans leur petit sac. Sasha me montre de loin un livre où il y avait deux gros monstres moches mais marrants sur la couverture et m’a demandé si elle pouvait le prendre (j’exerce bien sûr un droit de censure en tant que père bienveillant). Ca m’avait l’air drôle alors j’ai dit oui. Le con. Arrivés à la maison, je regarde ce qu’elles ont pris et je tombe sur ce fameux livre. « Monsieur et Madame Hormones », ça s’appelait. En fait les monstres de la couverture étaient une joyeuse métaphore des hormones chez les pitits nenfants et le livre expliquaient en long en large et en travers tous les changements du corps humain sous l’effet desdites hormones. (Les poils, les zizis tout durs, les pertes blanches, les règles… que des choses qui mettent en appétit). Elle a trouvé le livre (je cite) "trop super". J’étais très content. Bref, on est monté d’un cran sur le long chemin THEORIQUE de l’éducation sexuelle. Etant bien entendu que la pratique lui sera interdite jusqu'à ses 85 ans et que je suis déjà, à l'heure où je vous parle, en train de lui tricoter une ceinture de chasteté en métal chromé, poils de yak et diamants (ça peut être utile ET joli). Par ailleurs, elle est déjà inscrite au couvent Notre Dame des blanches colombes de la Sainte Espérance (arrivée là-bas prévue pour le jour de ses 12 ans).

Postbule.
Ce matin, Sasha avait piscine. Elle a ses copines dans son groupe alors c’est cool. C’est cool pour moi aussi pasque du coup j’ai des potes avec qui parler (les mamans des copines de ma fille pour ceux qui suivent pas). En même temps, j’avais Margot accroché sur le mollet droit donc j’aurais trouvé à m’occuper malgré tout, mais c’est quand même pas désagréable de parler à des êtres humaines adultes. Bref, une des mamans nous raconte qu’elle était hier soir en train de faire un câlin avec sa poupette (maman allongée sur le dos, et sa poupette contre elle sur le ventre) et là, la poupette lui demande : « Maman, c’est vrai que c’est la position pour faire l’amour ? ». La maman en question est restée un peu comme deux ronds de flanc, a dit « oui » (ce qui est vrai, elle allait pas préciser non plus qu’il existait de multiples variantes et qu’elles étaient toutes recensées dans un livre bien connu appelé le kamasutra) et a demandé à sa fille d’où elle tenait cette information. « C’est Sasha et M. qui me l’ont dit ! ». Très bien, très bien. Non contente de me faire flipper avec ses questions pièges, elle va donc dispenser la bonne parole auprès de ses copines. C’est horrible, elle va finir en mère maquerelle, cette petite. Et là-dessus Margot qui me dit qu’elle a un amoureux (« c’est Axel, il a des beaux cheveux jaunes comme de l’or (comprendre : platine) et il est un peu coquin ». Un peu coquin ?... mon cœur de père saigne…

Bilan des courses, à 7.5 ans, ça sait comment faire des enfants, mais ça croit encore au père noël. Je vous le disais, les enfants sont formidables.

STAY TUNED LES POULETS, à très vite, T.

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