mercredi 1 août 2012

29. Moins de mystère et plus de burinage.


Voilà un mois que mes grandes vacances d’aventurier mystérieux et buriné ont commencé. Comme promis c’est l’heure d’un premier petit bilan. Bon, autant j’ai pas fait fructifier des masses mon côté mystérieux (pas d’bol, j’étais déjà sacrément carencé), autant je suis salement buriné à l’heure où je vous parle. J’ai synthétisé un max de vitamine D (j’en ai tellement produit que ça fait « glob glob » quand je marche).

Forcément, pour une fois on a fait des choix judicieux de vacances :

15 premiers jours de Juillet près d’Avignon (seule région de France où le soleil brillait à flot et le mercure dépassait joyeusement et allègrement les 32°C tous les jours), chez ma belle-mère. On a été reçus comme des rois, on a bien bu et bien mangé (beaucoup), les petites ont profité à fond de la piscine, nous aussi. Je me suis découvert un semi-talent pour les boules (impeccable cette phrase) et j’ai presque aimé ça (alors que le médecin m’avait bien dit que le sport n’était pas bon pour moi, comme quoi). J’ai trouvé le climat assez sec (doux euphémisme) : toutes mes muqueuses se rétractaient violemment. Phénomène assez bizarre que celui-ci, donc, consécutif à mes muqueuses rétractées : j’avais des crottes de nez qui poussaient quasi-instantanément dès que je mettais un pied dehors. Pas bien grave en soi, mais bon, les crottes de nez ça aide pas quand on a une réputation à tenir vous en conviendrez.
Il y a quand même eu d’autres anecdotes croustillantes vous vous en doutez bien, sinon la vie ne vaudrait pas le coup d’être vécue et les vacances auraient été beaucoup trop calmes.

Notamment quelques-unes liés à notre voyage en avion puisque c’était la première fois que les poupettes utilisaient ce moyen de transport (et que je flippe moi-même comme un gros rat mort dès que je monte dans un truc avec des ailes, par exemple un avion – car je prends rarement l’oiseau). Les poupettes ont assuré comme des chefs, mais les commentaires de Margot (à côté de moi, côté hublot) n’arrangeaient pas des masses mon courage légendaire, ni mes craintes, non moins légendaires. « Oh, papa, c’est rigolo, on avance plus du tout ». « Effectivement ma chérie, c’est vraiment très drôle, je suis à deux doigts de me pisser dessus tellement c’est rigolo ». (c’était bien sûr juste un effet d’optique, mais quand on veut voir le mal partout, on y arrive assez bien). Idem à l’arrivée à Marseille, l’avion a fait plusieurs virages et donc on ne voyait plus que la mer par les hublots. « Papa, apparemment on est en train de tomber dans la mer je crois bien ». « Impeccable ma chérie, tu veux pas fermer ta gueule plutôt au lieu de stresser tout le monde ? (quel charmant petit ange)». Et bien sûr, le meilleur pour la fin : « papa, il faut absolument que j’aille faire tout de suite pipi et popo. Les deux vont sortir très vite de mes fesses». Je zappe une éventuelle explication sur le fait que le pipi ne sort pas des fesses (je sais voir les vraies priorités quand elles s’imposent à moi) et je fais bouger la personne à ma droite pour accéder aux toilettes où la gentille personne de l’équipage me dit qu’on atterrit dans ¼ d’heure et que donc on a pu le droit d’aller aux toilettes. Très bien. « Ma chérie, on va jouer au jeu de « je retiens mon pipi et mon popo le plus longtemps du monde, hein ?, on va faire ça plutôt » ». Fort heureusement, elle a remporté le jeu et on est arrivé sans encombre. Bref, des broutilles… Je vous passe la honte internationale qu’on s’est payée à l’aller et au retour à l’embarquement : impossible de faire franchir le portique de sécurité à Margot sans sa tétine et son doudou qui étaient dans une caisse à côté d’elle.
Sinon, Sasha nous a fait 4 jours plus tard ce qui s’est avéré être un eczéma géant (ultra esthétique les croûtes sanguinolentes sur peau brûlée au troisième degré à vif – et puis allez dire à  une poupette de 7 ans qu’elle va pas pouvoir se mettre au soleil ou aller dans la piscine pendant 5 jours…). Surtout que le généraliste du bled d’à côté avait commencé par nous dire (textuellement et avec un accent du sud propre au plombier qui vient réparer la photocopieuse dans tout bon film de cul qui se respecte) : « je vais être franc avec vous, c’est vraiment moche, mais je vois pas du tout c’que c’est. Ça fera 23€ ». Impeccable. Heureusement il nous a dégoté un RDV chez une dermato dans la « grande » ville d’à côté pour le lendemain matin, donc il lui sera beaucoup pardonné (sauf qu’y m’a dit que le RDV était à 7h45 alors que c‘était 8h45 le con… bon en même temps j’aurais pu me dire que ça faisait tôt, même pour un premier RDV en urgence, mais en fait non, ça m’a pas du tout effleuré l’esprit).

Margot aussi nous a fait une bonne blague en s’enfonçant une épine à l’intérieur de la pliure de son majeur gauche. On avait l'impression qu’elle passait ses journées à faire un doigt d’honneur, c’était très bien. Sauf qu’on a un peu zappé le truc (3615 gros parents indignes) et que le temps qu’on se rappelle qu’elle avait une épine plantée dans le doigt, on était revenu à Quimper et son doigt était en semi-putréfaction, c’était juste dégueulasse. Pour nous rassurer, elle nous disait « c’est bon papa et maman, je sens plus du tout mon doigt » (cette petite sait décidément toujours trouver les mots justes pour rassurer son entourage). Bref, à l’heure où je vous parle, son doigt a retrouvé un aspect à peu près humain et c’est pas dommage. Plus de peur que de mal…

Autre péripétie dont je me serais bien passée : on était parti pour un jour et demi à Saint Laurent du Var voir mon beau-frère et son amoureuse qui se sont installés là-bas depuis six mois. En y allant, ma femme a réussi à repérer un grand centre commercial (Cap 3000 qui s’appelait, rien que le nom puait déjà du cul), et elle a décrété de quasiment mettre fin à ses jours si elle n’y allait pas « pasqu’il fallait absolument qu’elle achète du vernis à ongles turquoise et orange (« tu peux pas comprendre, c’est les it colors de l’été » - effectivement, je ne comprenais pas du tout, c’était définitivement génétique) et un maillot de bain pour Sasha (qui se baignait en culotte depuis 5 jours sans que ça gêne personne) ». Elle nous a tellement bourré que nous avons finalement cédé. Nous voilà donc partis pour Cap 3000 sous une chaleur de gueux. Madame trouve ses vernis et le maillot de Sasha et nous voilà de retour chez mon beau-frère deux heures plus tard (deux heures bien employées si vous voulez mon avis). Et là, c’est le drame, ma femme m’annonce la bouche en cœur qu’elle s’est plantée de taille pour le maillot de Sasha et qu’il faudra retourner à Cap 3000 pour l’échanger.
Je ne vous cache pas que l’idée de commettre un meurtre m’a effleuré l’esprit, d’autant plus qu’elle avait réussi à choisir un des maillots de bain les plus laids qu’il m‘est été donné de voir (c’était H&M peut-être, mais le designer devait être aveugle et sourd, je ne vois pas d’autre explication) : des couleurs immondes, des broderies infâmes, des strass… Sasha a bien sûr trouvé ça « canon » : « il est trop beau maman, t’es trop géniale ». (Je suis très inquiet pour les futurs goûts vestimentaires de ma fille…). Bref, on l’a échangé le lendemain avant de repartir vers Avignon chez Belle-Maman, et on s’est retrouvé avec le même en aussi moche (forcément) et en plus grand (heureusement) et qui cette fois-ci lui allait comme un gant (un gant moche, bigarré, brodé et strassé, mais comme un gant quand même) (heureusement ou malheureusement, je ne sais même plus comment me positionner sur le sujet).
Dernière (més)aventure de notre road trip dans le grand sud, notre retour en avion. Et là pour le coup, je suis le principal protagoniste de cette misérable péripétie. Notre avion décollait à 6h30 du mat’ (ahhhhhhh, les joies du low cost !). Il fallait donc se réveiller à 3h30 pour partir à 4h00 du mat’. Autant dire que ça allait être rude. Ça n’a pas raté, tant il est vrai que je suis tombé comme un jeune porcassin dans un traquenard fomenté dans l’ombre par mon beau-frère, qui était de passage avec sa douce. Ça avait commencé tranquillement avec quelques bières à l’apéro (16h00 tout de même), puis avec des cocktails maison à base de vodka (apéro de 18h30). Après le repas, on s’est dit que ça serait cool de s’enfiler deux-trois shots de vodka histoire de digérer (autant vous dire qu’on était plutôt vers les huit-neuf shots et que la digestion a été très bonne), et puis y restait un fond de limoncello (fait maison par belle-maman), alors on s’est dit qu’y fallait pas perde la main et hop hop hop, on s’est resservi des shots de limoncello et puis comme y restait plus rien après, mon beau-frère a décidé de m’achever au vin blanc, ce qui n’a pas du tout marché (contre toutes attentes, j’étais en pleine forme). Tellement en pleine forme qu’il était 3h15 du mat’ (et oui, déjà, comme le temps passe vite !) et mon beau-frère s’était endormi la tête sur mes genoux. A ce stade on pourrait se dire que c’est moi qui étais sorti victorieux de son traquenard. Sauf que non. Pas du tout. D’abord pasqu’il a fallu que je le porte ivre cuit jusqu’à sa tente et qu’il pesait le poids d’un âne mort (mais alors carrément over-décédé) et ensuite pasqu’il a fallu que j’aille réveiller ma femme et mes filles avec ma douce haleine de vinasse multisources et que je me suis pris une soufflante (« mais c’est n’importe quoi, j’étais sûre que tu dormirais pas, tu as trop bu (même pas vrai), tu vas être crevé (un petit peu vrai), tu as dû fumer comme un gros pompier (carrément vrai) »…

Bref, on part en voiture, tout allait bien jusque-là. On s’enregistre, ça allait toujours. On passe le portique de sécurité (re-crise internationale de la gosse, comme à l’aller, mais sinon moi ça allait toujours très bien). On monte dans l’avion, j’étais toujours super frais comme un pinson (un pinson ivre cuit, mais super frais) et alors c’est après que les choses se sont un peu gâtées. On s’assied, je tente de m’endormir (pasqu’il commençait quand même à faire un peu sommeil) et là je pense que l’altitude a dû jouer contre moi (la salope) et faire un genre de réaction chimique avec tous les liquides que j’avais ingérés quelques heures plus tôt (ou alors y z’ont fait une réaction chimique tous seuls comme des grands entre eux, ça n’est pas à exclure). Du coup, j’ai commencé à avoir très chaud, après très froid et c’est quand j’ai commencé à voir des petites taches noires partout où je regardais que je me suis dit que y’avait un truc qui déconnait. Je me suis levé (assez mollement) pour essayer d’alpaguer du regard un membre d’équipage mais y z’étaient tous occupés à passer avec leur chariot pour filer des petits déjeuner aux gens riches (= qui pouvaient se payer un café à 15€, car la joie du low cost, c’est que TOUT est payant et tout est très cher). Bref, y z’en avaient rien à carrer de ma gueule soyons bien clairs. J’ai fini par demandé à un des membres (en hurlant assez fort je pense pasque tous les passagers ont arrêté de parler et m’ont regardé en même temps (paie ton affiche)) où étaient les toilettes pasque ça allait pas trop trop bien quand même (en anglais dans le texte s’il vous plaît).

C’est la dernière chose dont je me souvienne puisque j’ai manifestement fait un genre de perte de connaissance (coma éthylique ? coma vagal ? coma épileptique ? on ne le saura jamais) et que quand j’ai repris connaissance j’étais allongé sur le dos par terre dans le couloir central avec des gens qui me levaient les pieds et d’autres près de ma tête qui me donnaient des baffes (gentilles). Impeccable. Je voyais toutes les têtes des passagers se pencher pour voir si j’étais mort (enculés de vilains curieux malsains, je suis sûr qu’ils étaient tous abonnés à Closer). Deux stewards m’ont traîné jusqu’à une rangée de trois siège inoccupés pour que je m’allonge pour le reste du voyage et m’ont apporté de l’eau et des bounty (et au prix du bounty sur un vol low cost, autant dire que j’ai rentabilisé mon aller-retour), puisque je leur avait dit que j’avais oublié de manger le matin (je ne sais pas s’ils m’ont cru étant entendu que je devais encore sentir la vieille vinasse et que j’avais au bas mot 4.8 grammes d’alcool par bras, mais y z’avaient aucun moyen de vérifier ahahahahah). Ma femme et mes filles dormaient à poings fermés, j’aurais pu crever comme une vieille merde seul comme un chien. Ma femme m’a dit en sortant « ah ? c’était toi le bruit que j’ai entendu ? » (Je m’étais sacrément pété la gueule, j’avais des hématomes partout et j’avais servi de serpillère en tombant la tête la première sur le ventre, donc mon T-shirt était maculé de plein de tâches de trucs dégueulasses, c’était juste infâme, m’enfin bon, je suis quand même arrivé à bon port). En sortant, c’était drôle, tous les passagers me regardaient avec un air minable et me disaient : « et bon courage, hein, prenez bien soin de vous surtout». Ce qui est assez drôle en un sens puisque je rentrais de 12 jours de vacances ultra-paradisiaques où je m’étais reposé comme un gros loukoum… comme quoi…
Voilà pour la partie « grand sud ». Pour la suite, bah ça sera au prochain épisode. Portez-vous bien les gens et stay tuned.