jeudi 21 juin 2012

26. Joies et bonheurs du 1er trimestre.

Bon, donc les choses avaient plutôt bien commencé, on avait remporté l’examen « concevoir votre enfant en deux semaines » avec les félicitations du jury (« 20/20 » qu’y nous avaient dit et aussi  « poursuivez l’effort pour passer dans la classe supérieure »). C’était déjà un premier pas - relativement crucial pour la suite des évènements nous en conviendrons tous.

L’ovule fécondée était donc maintenant un œuf (cot, cot), et contenait déjà toutes les caractéristiques du futur bébé (« je veux ma tétiiiiiiine », « vous allez en chier : je ferai jamais mes nuits comme ma grande sœur, gniark, gniark », « je boufferai jamais rien », « je ferai une méga bronchiolite à 10 jours »… quel petit être déjà fascinant et sympathique !). Pour devenir un bébé, rappelons nous tous que l’œuf se divise en 2, puis en 4 et  ainsi de suite… Tout en se divisant (pasqu’y connaît pas encore très bien ses tables de multiplication), y va rouler lentement (mais sûrement, on espère) pour descendre dans l’utérus, poussé par les poils qui recouvrent les parois (bon appétit ; quand on sait ça, on ne regarde plus jamais un utérus de la même façon…).

On a donc été catapultés dans cette sympathique période de 9 mois qu’est la grossesse. Sacrée aventure burinée et mystérieuse ! D’autant plus que, comme mon aînée avait été livrée déjà toute fabriquée avec sa maman, je savais pas trop à quoi m’attendre. C’est quand même un gros sujet de fantasme, une grossesse (au sens pas sexuel s’entend), surtout pour un homme, pasque soyons clairs : on capte juste rien à ce qui se passe (et ceux qui disent le contraire sont soit des menteurs, soit des célibataires endurcis, soit des contrôleurs des impôts, soit les trois). Gros problème de notre époque, ou peut-être juste de ma façon de fonctionner : on est très informés (pas bien informés, mais sur-informés, ce qui n’a rien à voir). Et du coup, chaque information fait écho à un potentiel drame (idéalement avec une probabilité, plus ou moins forte) et se transforme en cause possible de stress. Bref, je me suis préparé pour notre grossesse comme quand je me préparais pour mes aventures foudroyantes à travers le monde : je me suis documenté. Et là, soyons, bien clairs, c’est très con. Il ne faut jamais faire ça, surtout quand on est d’un naturel anxieux.

Autant pour les aventures ça marchait pas mal : quand je suis partie à la recherche de l’arche de l’alliance, du temple maudit, du trésor des templiers, tout ça, tout ça, je me suis maté l’intégrale des DVD d'Indiana Jones et c’était plié. Quand j’ai voulu trouver le trésor perdu de l’Atlantide, j’ai lu « Comment trouver le trésor perdu de l’Atlantide pour les nuls ». C’est propre, c’est net, les infos sont claires, la marche à suivre aussi.  Autant pour la grossesse, chaque nouvelle lecture m’apportait des stress supplémentaires sur toutes les horreurs qui pouvaient arriver à chaque étape du parcours du combattant (alors que c’est quand même jusqu’à nouvel ordre un des trucs les plus naturels du monde). J’avais même fait une liste pour être sûr de rien oublier sur tous les trucs à vérifier au jour le jour. Etant entendu qu’on avait appris notre grossesse très tôt, ça faisait passer le temps trèèèèèèèèèèèès lentement et ça faisait aussi plein de raison de se manger les doigts (pour vous dire, y me restait que des moignons de bras à mi-grossesse). Depuis d’ailleurs je hais Laurence Pernoud et ses merdes de bouquins sur « j’attends mon enfant ».

Je m’étais donc débarrassé rapidement de mon premier flip « allait-on mettre en route notre progéniture deuxième-du-nom rapidement ? ». Deuxième flip : "la progéniture en question allait-elle s’accrocher ?". Bon, de nouveau j’avais fait appel à la technologie et j’avais filé à mon spermatozoïde victorieux (sûrement celui qui avait eu la chance d’avoir le GPS et les patins à roulette Winnie l’ourson) un sac à dos avec plein de matos dedans : des harnais, des poulies, des grappins, de la colle UHU et du scotch double face. Du coup, ben, paf, y s’est accroché impeccable (à 8 jours, l’œufs est accroché à la paroi de l’utérus et un petit nid se forme autour de lui - home sweet home). Une fois accroché, l’œuf devient ensuite un embryon. A 3 semaines, il mesure 2 millimètres de long (je sais que c’était encore un peu juste, mais je l’ai inscrit dès ce stade à la NBA, il n’est jamais trop tôt pour être champion de basket). « La grossesse s’annonce bien » nous dit le Dr L*ans, l’affreuse docteur des chattes (surnom donné par moi-même aux Gynécos en général et à celle-ci en particulier qui est juste une des êtres humaines la moins empathiques du monde - elle devrait d'ailleurs postuler pour le Guiness Book, je suis sûr qu'elle obteindrait un prix avec mention).

C’était le moment pour nous de trouver un nom de code à notre futur pitit nenfant. On est partie de « boule : n.f. : corps sphérique. Se mettre en boule = se pelotonner ». On a trouvé ça mignon comme base, donc on est partis sur Bouloche. C’est doux, c’est mignon, c’est tout rond (un peu comme un barbapapa, mais en moins con), c’est unisexe, et ça passe au pluriel (non merci, mais on sait jamais et à ce stade on ne savait justement rien sur le nombre de pitit(s) nenfant(s) en question). J’en viens donc tout naturellement à mon flip n°3 : "Bouloche était-il (elle) seul(e) ?" (Soyons honnête, je n’aurais probablement pas survécu à une grossesse multiple. Et ma femme non plus d’ailleurs, puisqu’elle semblait déjà enceinte de 4 mois au bout de deux jours et que ses pieds paupiettes ne rentraient plus dans aucune chaussure - mais par contre très bien dans les boîtes à chaussures (qu'on avait bien fait de garder du coup). Tout est affaire d’organisation, certes, mais tout de même. Le souci c’est qu’il y avait 15 000 cas de jumeaux/jumelles dans ma famille à toutes les générations sur les trois dernières générations… Ca n’a pas été le cas (et hop, encore un flip en moins, yahouuuuuuu) : à 4 semaines, on a eu confirmation que Bouloche était seul(e) dans son 1 pièce et que le développement se passait bien : il/elle mesurait plus d’un centimètre (bah, quoi, il/elle veut pas une médaille non plus, c’est minab’ 1 cm. Mais bon, en même temps, y faut bien commencer…) et se mettait à fabriquer un début de squelette et de cerveau. J’ai montré une image à Sasha qui m’a dit : « c’est mignon, on dirait une écrevisse ». Ca m’a pas trop fait rire. J’imaginais déjà un bébé avec des pinces, une carapace articulée et des moustaches…

A 1.5 mois, Bouloche mesurait 1.95 cm, on devinait (vaguement) sa tête et son corps et surtout la gynéco nous a fait entendre son cœur. C’était juste incroyable : it was aliiiiiiiiiiive ! A 2 mois, Bouloche était maintenant un fœtus (il faut quand même suivre ces conneries, ça change de nom tout le temps, c’est infernal). Il/elle mesurait 4 cm et avait tous ses membres et ses organes (y pouvait se gratter le nez ou les fesses du coup, c’est bien pratique d’avoir des mains, mêmes à l’état de moignons embryonnaires, on se rend pas compte). Comme je suis hyper pas zen comme aventurier mystérieux et buriné, j’ai eu le bonheur de faire une couvade inversée : plus ma femme prenait de kilos, plus j’en perdais (-6 kg en 3 mois : à ce rythme là, j’allais peser moins lourd que Bouloche quand il/elle montrerait le bout de son nez).

Et nous arrivons enfin, au terme d’une période qui m’aura semblé durer 10 ans à l’échographie du 3ème mois (première écho officielle). Beaucoup d’émotions évidemment en regardant bouger ce petit chose (même si le matos de l’affreuse docteur des chattes a l’air de dater de la guerre froide). Bouloche bouge beaucoup (déjà très turbulent(e), ça promet), mais bon, tout va bien. Il/elle mesure maintenant 10 cm (le contrat avec la NBA se rapproche à vue d’œil) et le docteur des chattes nous dit (je cite) que « Bouloche est réglementaire » (ça fait rêver comme formulation). J’en ai donc conclu que Bouloche n’irait pas en prison à sa sortie ! On voit sa jolie tête et sa colonne vertébrale. Je dis « oh, cool, on voit son cerveau ». Le docteur des chattes me répond fort aimablement (elle est décidément pas commode) que « pas du tout, pour l’instant c’est que d’la flotte dans sa tête ». Ah ? Très rassurant. "C'est normal, Monsieur". "D'accord madame le docteur des chattes, si vous le dites..." (y'a quand même façon et façon de dire les choses à des futurs parents. C'est tout de même pas très fin de nous dire que notre progéniture à la tête pleine d 'eau).

Bref, des fois qu’on aurait eu des doutes (un gros gaz est si vite arrivé), le docteur nous confirme que nous sommes bien enceintes. Bouloche est là, Bouloche est accroché(e), Bouloche est tout(e) seul(e), Bouloche va bien, vive Bouloche ! Je suis le plus heureux des aventuriers mystérieux et burinés.

STAY TUNED for the next episode. Et portez vous bien les poulets.

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