dimanche 17 juin 2012

25. Ne jamais faire de pari fou que l’on peut gagner (c’est stupide).

Quand nous sommes arrivés à Quimper, comme tous nouveaux arrivants dans une ville inconnue, mystérieuse et humide (en l’occurrence), c’est grâce à notre progéniture que nous nous sommes faits des amis. C’est plus facile et moins humiliant que d’aller de bar en bar l’air minable en demandant à des gens au hasard s’ils veulent devenir nos amis sivoplé (steuplé ! Allez, deviens notre ami, on te filera d’la tune si tu veux, allez, steuplé, dis oui ! dis oui ! dis oui !)… ou pire : de faire la tournée des boîtes à partouze (l’atmosphère est certainement très chaleureuse et conviviale, mais on devient vite très (trop) amis à mon goût). La crèche était donc le lieu tout trouvé (et politiquement correct qui plus est) pour faire connaissance avec des nouveaux gens. Certains étaient très effrayants (le père psychopathe à la calculatrice, qui passait ses journées à calculer combien coûtait à la crèche une tranche de jambon Eco+ vs la Marque Distributeur de chez Géant, la mère barjo qui voulait que nos enfants mangent 100% bio et habillait son fils exclusivement avec des habits en poils de yak non traités et avec un bonnet péruvien en alpaga, la mère ultra-réservée qui ne bougeait et ne parlait jamais, etc…), et puis au milieu de tout ça, quand même, on a rencontré des gens COOL. On va les appeler les Gotreff, ils se reconnaîtront. Ca a été nos premiers amis sur Quimper. Ils avaient (et ont toujours) un fils qui a le même âge que Sasha. Ils ont été amoureux un temps (nos enfants), mais maintenant ils sont (je les cite) « juste potes ».

Ca c’était pour le contexte global. Pour le contexte particulier du post (et du pari fou donc), on passait le nouvel an chez eux. C’était en Décembre (incroyable pour un nouvel an, quelle coïncidence !) 2007. Et là, je sais pas bien c’qui nous a pris, mais on a décidé qu’il fallait qu’on fasse un deuxième babynou dans l’année. Bon, alors sur le principe, en faire un deuxième, y’avait rien de dramatique (encore qu’avec un peu de recul maintenant, c’est quand même assez hardcore de passer de 1 à 2 je trouve), en faire un genre de pari, c’était pas forcément brillant, mais bon, l’alcool et les putes coulaient à flot donc j’imagine qu’on avait des excuses, mais c’est dans la suite des événements que les choses se sont emballées. Sachant qu’il était bien question qu’ils aient une fille et nous un garçon histoire qu’on puisse maquer les deuxièmes ensemble aussi en plus de nos aînés et faire du coup un mariage à quatre à moindre coût (on était ivres cuits certes, mais encore lucides sur les questions importantes de la vie tout de même).

16 Janvier 2008 : Madame Gotreff nous appelle pour nous dire qu’elle est enceinte. Force est de constater que quand les Gotreff décident de s’y mettre, bah y perdent pas de temps... 2 semaines : putain, la pression de ouf. Madame Gotreff était très contente. Monsieur Gotreff était pas très content  - enfin si, un peu quand même, mais y précisait bien qu’ y avait une GROSSE différence entre « dans l’année », et « au bout de 2 semaine » (force est de constater qu’il y avait une marge certaine – j’étais assez d’accord avec lui, solidarité masculine ou pas) et du coup c’était a priori un peu rapide pour lui (et pour moi aussi, j’étais pas prêt du tout, déjà que je flippais qu’on mette deux ans avant de pouvoir y arriver. Y m’a mis une sacrée pression le père Gotreff, c’est peu dire !).

Bon, alors là, j’ai dû déclencher le plan d’urgence, pasque si mes spermatozoïdes étaient aussi doués que moi en orientation, on était pas rendu (voire on était complètement foutu). Et le babynou pas prêt d’arriver du coup. J’ai donc tout misé sur l’outillage high-tech. Avec ça, on devait s’en sortir normalement (c’était quand même censé être des spermatozoïdes mystérieux et burinés à la base). Alors hop, hop, hop, j’ai commencé par les équiper de cartes détaillées des lieux (« vous êtes ici » « l’ovule est là », « vous suivez les flèches ») et, pour les plus chanceux d’entre eux, de GPS (« dans 2 cm, prendre la trompe de fallope gauche et se ranger sur la droite pour atteindre l’ovule ». « Vous êtes arrivés au site de fécondation »). Comme la reproduction est aussi une affaire de vitesse, je leur ai également filé dans le doute des patins à roulettes, des trottinettes et, pour les plus prometteurs, des vespas (impeccable quand on a pas de pieds et pas de mains). Bon, ben à ce stade je pouvais pas faire beaucoup plus, y’avait plus qu’à attendre (et à pratiquer aussi, va s’en dire).

18 Janvier 2008 : Ma femme m’appelle au boulot. Elle me dit « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ». Moi : « Va pour la mauvaise, ça sera fait ». Elle : « Tu vas bientôt dormir encore moins qu’à l’heure actuelle » (Sasha n’avait jamais trouvé la fonction sommeil depuis sa naissance). Moi : « Effectivement, c’est une sacrée mauvaise nouvelle, même si je vois pas bien comment ça peut être pire (j’avais rien vu venir). Allons-y pour la bonne, histoire d’équilibrer ». Elle : « Tu vas être papa ». Moi : « … » (Alors là, soyons bien clair, on a beau être un aventurier mystérieux et buriné, on n’en est pas moins homme, alors mon costume d’aventurier a tout craqué de partout et j’ai pleuré de joie pendant 20 minutes la tête écrasée sur mon clavier d’ordi (ce qui permet toujours d’asseoir une certaine crédibilité sur son lieu de travail). Après je me suis quand même repris, comme un vrai bonhomme, j’ai relevé la tête, j’avais AZERTYUIOP à l’envers gravé sur le front et mon rimmel coulait à flot sur mes joues, mais bon, j’étais sacrément heureux, forcément. On était pas mal non plus nous-mêmes en terme de fécondité du coup !

Et paf : doublé gagnant pour les deux couples ! Et on a appris par la suite qu’on avait en fait la même date de terme théorique (c’était juste ridicule) : le 16 octobre 2008. Déjà qu’à la crèche tout le monde croyait qu’on était échangistes (on faisait des blagues en laissant des sous-vêtements dans le casier de l’enfant des autres – ah, ah, on était jeunes et fous à cette époque), ça n’a pas arrangé notre réputation cette histoire. Mais ça nous a quand même bien fait rire.

Ceci étant, je remets clairement en doute la précision du diagnostic de l’affreuse gynéco : je reste persuadé que c’est le 14 que j’ai tout donné et que c’est à cette date que Margot a été conçue !

4 commentaires:

  1. Force est de constater que je devais vraiment être bourré puisque je ne me souviens pas de ces putes qui coulaient à flot ... remarque vu la formulation, c'est peut-être aussi bien comme ça !

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  2. Je confirme : tu étais sacrément bourré. Souviens toi : Nicole ça colle, Anna la pulpeuse et Rhonda la libidineuse... Y'a des noms qui ne s'oublient pas tout de même ;)

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  3. Ha ben oui effectivement, celles qui cherchent le trésor de Kerflouz !!!

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  4. Exactement ! D'ailleurs, elles ont beau être équipées de brouettes, elles ont pas l'air bien douées pour le trouver ce fameux trésor de Kerflouz. Elles feraient mieux de moins faire les putes et de mieux chercher !

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