jeudi 28 juin 2012

28. « Toc, toc, toc ! » « Ouiiiiiiii ? » « Bonjour, c’est la cigogne ! »




Ah, ça, tu l’as dit Andy, 9 mois d’attente, ça rend les choses sacrément excitantes (et longues aussi, force est de constater).

Alors nous avions donc entamé le troisième (et dernier pour ceux qui n’y connaissent vraiment rien) trimestre de notre grossesse, Bouloche s’était retournée tout bien comme il fallait dans l’utérus à 7 mois et devait attendre dans cette position, la tête en bas (position complètement dénuée de sens, mais bon, c’est la nature qui l’a décidé), et également occuper tout l’espace. Alors là, soyons bien clairs, il s’agissait bien que notre pitit nenfant à naître n’occupe pas TOUTE la place dans l’utérus, pasqu’on se dirigeait tranquillement vers un bébé de 16.50 kg au garrot ce qui est beaucoup trop, même si ça aurait permis de recevoir un prix spécial du jury dans le Guiness Book (ça aurait probablement aussi permis que ma femme meurt en couche ou ait 2568 points d’épisiotomie à recoudre, aucune des deux options n’étant franchement joyeuses…). Ca laissait présager en tous cas d’un accouchement long et douloureux, et même si j’étais pas directement concerné, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un minimum d’empathie (on est pas des bêtes non plus).

Ah, tiens, en passant, nouveau p’tit flip pas prévu : du diabète gestationnel. Dis comme ça, ça a pas l’air dramatique. Objectivement, ça ne l’est pas tant que ça, sauf qu’on l’a décelé trop tard chez ma femme et que ça génère quand même des risques additionnels pour le bébé (génial : tout c’que j’aime). Et puis pour ma femme c’était chiant, il fallait qu’elle se pique toutes les deux minutes pour connaître son taux de j’sais plus quoi et après manger (ou pas) en fonction du taux… On peut pas vraiment dire que ça vous égaie un quotidien cette merdasse. Et évidemment, seules 3% à 6% des femmes enceintes sont concernées (rien ne nous aura été épargné) et ça peut rester après la grossesse (youpiyoup).

Mi-août, retour de vacances du docteur des chattes, qui nous avait montré uniquement sa dark side jusque là : aimable comme un caveau moisi et avenante comme Vlad l’empaleur dans ses mauvais jours. Bah non, là elle était limite sympa (comme quoi elle avait peut-être juste besoin de vacances… En même temps, à force d’ausculter des chattes toute la journée ou d’y faire de la spéléo dedans, je veux bien comprendre qu’elle ait eu besoin de changer un peu d’air – ah, ah).

Alors, qu’est-ce qu’elle nous raconte la connasse ?
Elle nous dit qu’il y a de fortes présomptions pour que notre enfant :
-          soit énorme (impeccable),
-          ait une nuquette de footballeur est-allemand des années 80 (tout parfait).
Elle nous confirme par ailleurs que Bouloche bouge beaucoup ses petits poings vers le haut (Révolutionnaire constestataire ? Championne de kick-boxing ? (Ça m’aurait arrangé moyen vu que je l’avais pré-inscrite à la NBA) Fan de danse tecktonick ?)

Je crois que le pire, c’était bien la nuquette (en fait j'en suis sûr) :




Si on recoupait toutes les informations, le scénario le plus probable était que nous attendions une fan de danse tecktonick obèse à nuquette. Ca donnait pas trop envie de faire sa connaissance rapidement ces conneries…

Petit portrait robot pour vous faire une idée de ce à quoi on se préparait (en priant le ciel pour que non / Seigneur Dieu, pourquoi nous ? Qu’a-t-on fait pour mériter ça ? Comment allons nous gérer cette petite (enfin, quand je dis petite…) monstruosité avec sa bombe atomique de sœur aînée ?) :




> Ah, ah, en fait pas du tout !

[Tant il est vrai que Bouloche ne ressemblait pas du tout à ça !]. Un rapide coup d’œil à ses yeux bridés et sa peau jaune aurait dû vous indiquer que rien n’en était possible (même si ce bébé existe vraiment quelque part dans le monde, probablement vers le grand est d’ailleurs) c’est affreux, comme je plains les parents)… NB : Penser quand même à changer de docteur des chattes : son matériel vétuste d’avant-guerre ne peut pas tout justifier sur ses foirages de pronostics (foirages forts bien venus ceci étant).

A ce stade, diabète gestationnel ou pas, ma femme ressemblait à Pac-Man (en moins jaune) : mais si, souvenez-vous « rond comme un ballon et plus jaune qu’un citron, c’est Pac-Man ». Bref, il était temps qu’on accouche et ça tombait bien pasque le diabète gestationnel est une cause possible de déclenchement prématuré (vous pensez bien qu’on s’est pas gênés pour l’utiliser). On avait donc prévu d’accoucher un lundi, 15 jours avant terme. Les sacs étaient prêts, l’organisation rodée, les émotions (à peu près) maîtrisées, y’avait plus qu’à… Sauf que la vie nous a encore réservé un de ces satanés coups fourrés dont elle a le secret : on est arrivés pour le RDV le lundi matin très tôt, on a attendu deux heures en sifflotant, et après une gentille madame (qui n’est malheureusement plus de ce monde pour témoigner rapport à ce qu’elle nous a annoncé – elle l’a un peu cherché aussi) : « Désolé Madame et Monsieur, mais en fait on a plus de place aujourd’hui, alors il faudra revenir demain » « Ah, ah, c’est une blague Madame, je suppose ? » « Pas du tout Monsieur » « Et bien, chère connasse, venez donc sauter à pieds joints dans ce bloc de ciment frais que je vous dise le fond de ma pensée et que je vous jette ensuite, probablement un petit peu violemment et je m’en excuse d’avance, tout au fond de la mer ». Le bad. On est rentrés chez nous comme des merdes avec Bouloche toujours dans l’utérus de ma femme, et avec la promesse de la gentille dame  que ça serait pour le lendemain (ce furent ces derniers mots – RIP). On a beau dire, c’est chiant. La journée a été longue et glauque.

Lendemain matin rebelote, sauf que là on a eu une chambre vite, donc on sentait bien que les choses allaient avancer dans le bon sens.



Dans le bon sens, certes, mais rapidement, ça s’est pas trop avéré. Arrivée 8h00 du mat’. Enfonçage d’un machin chimique dans le trululu de ma femme pour dilater le col et déclencher les contractions (et ultimement l’accouchement). Ca devait venir d’un vieux stock périmé de l’armée russe leur truc (pareil que le matos du docteur des chattes), pasque ma femme était dilatée à 1cm à 14h00 (aucun enfant n’est jamais sorti par un col dilaté à 1, sauf un très pitit nenfant ce qui n’était pas le cas de Bouloche qui attendait probablement une dilatation à 45cm pour pointer le bout d’sa tête) et que ça commençait à faire long. Pour diversifier les techniques, on lui a aussi demander de sauter sur un gros ballon gonflable (c’était ridicule, elle était plus grosse que le ballon) : ça a servi à rien, mais j’ai bien rigolé.

Un interne est venu poser une perf « au cas où », il a complètement foiré et la chambre a été couverte du sang de ma femme en quelques minutes. J’ai demandé qu’on me répare ça vite fait bien fait (je veux un VRAI médecin sivoplé, pas un qui tremblote dès qu’y s’agit de poser un cathéter…). Bon, on a arrêté l’hémorragie, la chambre a été nettoyée. Pendant ce temps, et comme convenu avec ma femme, je servais à rien, puisqu’elle m’avait bien dit de pas lui parler de la journée et de la laisser gérer sa douleur toute seule. Bon, ben on se sent un peu inutile, mais j’étais à côté d’elle et je lisais le dernier Grangé que j’ai fini dans la journée (pasque je lis vite et pasque la journée a été longue). En cours d’après-midi, ma femme a commencé à avoir des contactions de ouf (mais une dilatation toujours toute pourrite). Elle a failli buter une sage-femme qui faisait rien pour elle (juste elle passait toutes les heures une tête à travers la porte pour demander « ça va ? ». Ma femme répondait (un peu sur les nerfs) « NAAAAAAAAAAAAAN ça va pas DU TOUT ! Je vais crever ! Faites quelque chose tout de suite où je me lève et je viens vous péter la gueule à grand renfort de tout ce qui me tombe sous la main de lourd et de contendant ». Moi je disais, l'air blasé de l'aventurier mûrement travaillé "faites pas attention, c'est ses hormones". Et la sage-femme de dire (à chaque fois) : « Très bien, c’est parfait, je repasse tout à l’heure ». Elle avait fait sage-femme option connasse ou bien elle était sourde, je ne vois que ces explications pour justifier d’un tel comportement. Après j’ai tenté de faire une blague (nulle) pour détendre l’atmosphère dans la chambre et avoir l’impression de servir à quelque chose. C’est tombé en plein milieu d’une horrible contraction et ma femme a essayé de me balancer par la fenêtre (pasqu’en fait la blague était finalement semi-drôle, mais elle a ri juste pendant la contraction : mauvais goupillage, quoi). 

Heureusement, il était bientôt 22h00 et nous avons eu le droit à un changement d’équipe dans le service (et c’était pas dommage). Les nouveaux gens étaient plus efficaces. Alors ma femme est partie faire sa péridurale pasqu’elle commençait à être dilatée à 2.5cm et qu’elle douillait « sa race de sa mère la pute mais quelle grosse salope » (je sais, c’est vulgaire, mais je cite). L’anesthésiste était pas aimable, mais très pro (alors il lui sera beaucoup pardonné). Il a dit « mettez vous en boule que je puisse procéder ». Ma femme : « mais je suis déjà en boule ». Lui : « et ben il va falloir faire mieux ». C’était drôle (de mon point de vue). Par contre une fois la péridurale faite (et pas foirée), tout est devenu calme et volupté. On a mis la lumière en mode tamisée et on a monitoré ma femme et y’avait plus qu’à attendre…

Du coup, comme tout avait l’air sous contrôle (c’était trop beau, j’aurais dû sentir le piège), je suis allé me chercher un dîner chez Quick pasque j’avais rien mangé depuis le matin et ça commençait à faire un peu faim ces conneries (et aussi j’avais fini mon Grangé alors je commençais à m’emmerder salement). Hop, hop, hop, j’y vais et dès que je reviens, je vais vers la chambre où j’avais laissé ma femme et alors là, je me suis demandé qui avait kidnappé le calme et la volupté de tout à l’heure…

A peine arrivé devant la porte et l’ayant tout juste entrouverte, j’ai vu trois personnes qui s’activaient autour de ma femme, dont une avec un masque à oxygène (ouhhhhhhhhhhh j’aime pas ce que je vois). Les deux autres barjos hurlaient « calmez vous madame, respirez doucement, ça va aller, il faut faire remonter le rythme cardiaque ». Pardon ? De quoi ça s’agit ? Mon bébé à un rythme cardiaque en chute libre et ma femme est en souffrance et personne ne juge bon de m’appeler sur mon portable (« ça vous aurait inquiété monsieur, et votre femme nous a dit que vous ne réagissiez pas toujours très bien au stress ». Certes, m’enfin bon, il s’agissait JUSTE de ma moitié et de ma progéniture, donc j’aurais quand même aimé être prévenu)… Pas le temps de réfléchir plus longtemps ou de passer en mode « je cherche, je trouve et je tue le responsable de cette communication déplorable », je me faisais littéralement piétiner par deux médecins qui arrivaient, l’un avec un tondeuse à barbe (et à tout le reste manifestement) dans les mains et l’autre avec un scalpel (peut-être, je me souviens plus bien, je faisais des scénarii catastrophes à la vitesse de la lumière). Globalement j’ai fini par comprendre que (normalement) personne n’allait mourir (déjà c’était bien), MAIS que mon bébé avait fait un nœud autour de son cou avec son cordon ombilical et que du coup son rythme cardiaque et ses autres constantes étaient pas terribles (comme quand on mange des yahourts qui sont pas des perles de lait de Yoplait) et qu’on allait devoir faire une césarienne à ma femme. Alors là, c’est bien simple, elle a eu sa première vraie conversation de grande avec Bouloche. Ca disait approximativement ça : « j’ai pas poireauté 17h00 d’affilée dont 14h00 sans péridurale pour qu’on me fasse une césarienne alors que suis dilatée à 6, alors tu te motives poupette, et tu me fais remonter tout ça fissa ! ». Bouloche a été top, elle a tout bien écouté, et elle a fait remonté son rythme cardiaque et tout le reste et le col s’est dilaté, et la sage-femme a dit « poussez encore une fois c’est la dernière épaule qui arrive » et après c’est devenu assez flou pour moi.

Globalement je me suis dissous dans l’univers : je suis devenu un tsunami géant (mais gentil) (rapport aux larmes ininterrompues et à l’incapacité juste totale d’aligner deux mots cohérents d’affilée), une éruption volcanique (joie intense), une galaxie entière en pleine sieste (plénitude totale), un big bang (émotions x 1000000000 + je sais plus où j’habite), un ruisseau tout calme au milieu d'une forêt avec le chant des zoiseaux (zeeeeeeeen avec mon babynou en peau à peau) et un hurlement de joie le plus intense du monde. Et oui, tout ça d’un coup, et tout ça dans ma tête (ou sur ma tête) (et encore, la métaphore est faiblardesque). Bref, j’étais papa (re). Mais c’était le premier bébé que je voyais naître. Margot venait de naître. Bordel, paie ton moment de ouf. Indescriptible. […] On a beau être mystérieux et buriné, avoir traîné sur les mêmes bancs d'école que Lara Croft, avoir eu Indiana Jones comme prof d’histoire et Vincent Peillon comme prof de philo, on en reste pas moins humain et alors là, c’est bien simple, l’humanité se rappelle à vous directement dans vot’gueule.

Après ce moment d’émotions niveau 50 000 sur l’échelle de Richter qui va de 1 à 7, il a quand même fallu se rendre à l’évidence (et j’ai eu deux heures de peau à peau pour la réchauffer pour m’en rendre compte) : elle était super sympa et en pleine forme (c'était déjà pas mal), mais vraiment hyper moche. En plus je la voyais de très (trop?) près alors je pouvais pas me tromper. Au début j’ai cru que c’était les larmes qui me brouillaient la vision, mais en fait non. Elle était bien moche. On nous explique tout le temps qu’on trouve ses enfants beaux à la naissance (voire après) même quand c’est pas, voire vraiment pas du tout, le cas. Bon bah là, pour moi c’était foiré, j’avais été livré sans la fonction « ne sois pas objectif avec ton enfant, trouve le juste beau ». D’ailleurs, après lui avoir dit que je l’aimais le plus fort du monde, et que je serai toujours là pour elle, je lui ai dit qu’elle était moche mais que je l’aimerais quand même pour toujours (j’espère qu’elle a pris bonne note de mon abnégation). Bon, le truc c’est que c’était mon portrait craché (crashé ?) à la naissance, donc mix entre un gorille (pour le pli de front de boxeur) et un porc (pour le gros nez patate), avec en plus une délicieuse couleur tirant entre le violet terne et le marron clairasse, le tout saupoudré par-ci par là de vernix (cette magnifique substance protectrice blanchâtre venue d’on ne sait zoù). C'est pour vous dire que je mens pas :


Heureusement qu’elle avait la jolie bouche toute pulpeuse de sa maman sinon je l’aurai rendue dès le lendemain (j’avais encore l’étiquette et le ticket de caisse, quelquechose devait bien être possible sous 15 jours), ou échangée à la rigueur… Quitte à s’en prendre pour toute une vie, on aimerait autant ne pas avoir une progéniture trop disgracieuse. Bon, en fait elle a mis un peu de temps à se détendre du pli, à perdre son vernix, à retrouver une couleur normale, à prendre du poids (car son hospitalisation à 12 jours pour méga bronchiolite/tuyaux partout/pas drôles du tout/sonde intestinale/l’horreur… en faisait un très petit chose), mais finalement elle s’est bien rattrapée et aujourd’hui notre petite Ratatouille pète le feu et ne nous apporte (globalement on va dire) que joie et bonheur, tout comme sa grande soeur. Elle est même sacrément chouquette.

Voilà, ça c’était fait.

Bon, ben nous on va s’arrêter là pasque par contre après bientôt deux ans et demi de père au foyer, on se dit que deux ça va et trois ça va pas : comment peut-on faire pour avoir plus de deux enfants à l’heure actuelle, si on veut leur accorder de l’amour, du temps, de l’argent, tout en construisant son couple et en se gardant des plages de temps pour sa gueule…(déjà que j’y arrive pas du tout en l’état) ? Bref, faites des gosses les gens, c’est que du bonheur quand même ! (Mais pas plus de deux). En vrai vous faites bien comme vous voulez !

Peace & Love, Joie et bonheur pour mes deux amours, la grande et la petite ! WAM.

dimanche 24 juin 2012

27. Joies et bonheurs du 2ème trimestre.

Bon, donc on s’était quittés sur des bonnes nouvelles, on entame maintenant logiquement le deuxième trimestre de notre grossesse. Le stress retombait lentement au fur et à mesure que les étapes flippantes du parcours s’éloignaient (s’étant transformées les unes après les autres en bonnes nouvelles : Bouloche est là, Bouloche est accroché(e), Bouloche est tout(e) seul(e), Bouloche va bien).

J’ai appris lors de mes nombreuses lectures que le bébé était couvert de poils à 3 mois et je me suis imaginé (nouveau stress) qu’il ne les perde pas en cours de route et accoucher d’un mini-chubacca dégueulasse tout plein de poils mal peignés. C’était moche, mais en fait peu réaliste. L’avenir nous montrera qu’en fait notre pitit nenfant est né sacrément pas poilu (mais sacrément moche quand même ceci dit, j’y reviendrai).

Après la joie des stress prévus, j’ai découvert celle des stress imprévus (ils sont tellement plus drôles). C’est ceux que même Laurence Pernoud elle a pas vu venir (cette connasse). En l’occurrence il s’agissait là de grosses douleurs au ventre + de pertes de sang. J’aimais pas trop trop le concept. En même temps, ma femme s’était embrouillée avec des satanées bufflonnes de son taf et du coup ça devait être lié à ça, mais quand même… C’est vrai qu’entre la brancardière, semi-goudou/semi-Hulk et Sylviane, la réceptionniste la plus conne de la galaxie dont le physique avantageux (son taux de testostérone devait être six fois supérieur à celui de Mike Tyson après un combat) la faisait ressembler de loin (et de près) à un énorme catcheur est-allemand (un genre de Zangieff dans Street Fighter pour ceux qui ont connu – mais avec plus de poils et moins de dents), les raisons de se fritter ne manquaient pas.

Bref, petit aller-retour aux urgences pour voir de quoi ça s’agissait. Et du coup petit échographie gratos à 4 mois. Bon, ben on a pas appris grand-chose à part que Bouloche allait bien (ce qui était bien le principal, mais on aurait bien aimer connaître le sexe quand même). Force a été de constater que la connasse de gynéco interne des urgences n’a vu ni le sexe de Bouloche, ni comment il/elle était placé(e). Elle a dû choper son diplôme sur internet ou dans un Kinder. Ceci dit, plus de peur que de mal finalement (et -3 kg en plus pour moi / yahouuuuuu).

Stress suivant (prévu celui-ci) : « est-ce que Bouloche est normal(e) ? ». Bon, OK, on sait bien que ça veut rien dire « normal », mais bon on sait bien aussi ce que ça veut dire « pas normal » et entre les deux, notre choix allait plus volontiers vers la première option (à cette époque, je sais pas pourquoi, je visualisais systématiquement mon bébé à venir avec le tête de Cinoque dans les Goonies et c’était pas brillant). La clarté nucale était bonne donc a priori on avait de bonnes raisons d’être optimistes, mais les analyses de sang ont confirmé tout ça (le docteur des chattes nous a confirmé que nous étions en situation de « risque minimum »). Impeccable. Au lieu de nous dire : « tout roule », elle nous dit « risque minimum ». Bah moi, quand j’entends ça, j’entends juste « risque », c’est marrant (ou pas). Et hop, -3 kg en plus (il allait vraiment falloir que ça s’arrête cette histoire de perte de poids, sinon j’allais finir par devenir l’aventurier mystérieux et buriné le plus maigrichon du monde. Et c’est jamais bon d’être maigrichon quand on croise une tribu d’infâmes mayas coupeurs de têtes ou son boucher qui vient d’apprendre qu’il était cocu (par exemple)).

Ensuite est venu le temps du choix de l’endroit où nous voulions accoucher. Hôpital public (Laennec) vs clinique privée (Saint Michel). Le match était lancé. Pas facile sur la base des anecdotes des uns et des autres : « machine a failli crever à l’hosto », « machine a pas eu sa péridurale à la clinique pasque l’anesthésiste était parti faire du golf », « on a oublié machine dans le couloir pendant 5 jours à l’hosto », « le chirurgien lui a coupé le cordon ombilical avec les dents à la clinique »… J’en passe, et des meilleures une fois encore…

Du coup, j’ai fait fi des vilaines rumeurs sur les deux lieux et j’ai reposé les choses de manières pragmatiques et objectives (comme je sais si bien le faire) :





Bref, il était évident qu’il fallait accoucher à l’hôpital public Laennec de Quimper (je pense que tout un chacun aurait fait comme nous) et pas dans cette satanée clinique privée Saint Michel qui sentait le traquenard à plein nez.

Ensuite, on a pris notre mal en patience pour attendre le 12 Juin 2008, date de la deuxième échographie officielle. Notre docteur des chattes préférée a pas oublié de nous montrer son meilleur profil (de toutes façons elle en a pas de bon profil cette connasse, ni le droit, ni le gauche), et son examen a donné ça :


Hormis ces bonnes nouvelles et toujours grâce aux performances de son matériel d’avant-guerre, on a rien vu de bien intéressant : un tibia, un pied (4,3 cm tout de même, c’était gagné pour le contrat avec la NBA), et des trous de nez vus d’en-dessous… rien de bien passionnant.

Le 26 Juin, seule visite où je n’ai bien sûr pas pu accompagner ma femme chez l’infâme docteur des chattes, elle lui a fait une écho surprise et (évidemment) Bouloche s’est enfin décidé(e) à montrer son tutu/trilili. Alex aurait bien aimé un garçon (forcément, pour équilibrer les forces en présence et apporter de la diversité à notre progéniture). Elle m’a appelé après le RDV avec une voix minable (mais pas suffisamment minable pour que ça dise qu’il était arrivé un truc horrible au bébé). J’ai donc dit (comme je suis perspicace) : « c’est une fille, hein, c’est ça ? ». Elle m’a répondu « oui » d’une toute petite voix minable. Elle était un peu déçue, mais ça a duré deux jours et après hop, hop, hop, elle était toute réjouite. Moi, j’étais tout de suite tout réjouit, pasqu’après avoir grandi entre une mère et deux sœurs, il me semblait évident que ma destinée était de fonder une famille exclusivement composée d’êtres humaines (femme, filles et chatte). COOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL !

Bref, bilan de ce second trimestre : quelques émotions fortes, mais globalement tout roulait comme sur des roulettes qui roulaient vachement bien => Bouloche allait toujours bien, c’était une p’tite poulette et elle gigotait un max. J’étais toujours l’aventurier mystérieux et buriné le plus heureux du monde (et aussi le plus maigrichon rapport à ma couvade inversée qui ne s’arrangeait pas au fil des étapes malgré tout).

STAY TUNED FOR THE NEXT EPISODE : suite et fin de notre grossesse. D'ici là, portez vous bien les poulets !

jeudi 21 juin 2012

26. Joies et bonheurs du 1er trimestre.

Bon, donc les choses avaient plutôt bien commencé, on avait remporté l’examen « concevoir votre enfant en deux semaines » avec les félicitations du jury (« 20/20 » qu’y nous avaient dit et aussi  « poursuivez l’effort pour passer dans la classe supérieure »). C’était déjà un premier pas - relativement crucial pour la suite des évènements nous en conviendrons tous.

L’ovule fécondée était donc maintenant un œuf (cot, cot), et contenait déjà toutes les caractéristiques du futur bébé (« je veux ma tétiiiiiiine », « vous allez en chier : je ferai jamais mes nuits comme ma grande sœur, gniark, gniark », « je boufferai jamais rien », « je ferai une méga bronchiolite à 10 jours »… quel petit être déjà fascinant et sympathique !). Pour devenir un bébé, rappelons nous tous que l’œuf se divise en 2, puis en 4 et  ainsi de suite… Tout en se divisant (pasqu’y connaît pas encore très bien ses tables de multiplication), y va rouler lentement (mais sûrement, on espère) pour descendre dans l’utérus, poussé par les poils qui recouvrent les parois (bon appétit ; quand on sait ça, on ne regarde plus jamais un utérus de la même façon…).

On a donc été catapultés dans cette sympathique période de 9 mois qu’est la grossesse. Sacrée aventure burinée et mystérieuse ! D’autant plus que, comme mon aînée avait été livrée déjà toute fabriquée avec sa maman, je savais pas trop à quoi m’attendre. C’est quand même un gros sujet de fantasme, une grossesse (au sens pas sexuel s’entend), surtout pour un homme, pasque soyons clairs : on capte juste rien à ce qui se passe (et ceux qui disent le contraire sont soit des menteurs, soit des célibataires endurcis, soit des contrôleurs des impôts, soit les trois). Gros problème de notre époque, ou peut-être juste de ma façon de fonctionner : on est très informés (pas bien informés, mais sur-informés, ce qui n’a rien à voir). Et du coup, chaque information fait écho à un potentiel drame (idéalement avec une probabilité, plus ou moins forte) et se transforme en cause possible de stress. Bref, je me suis préparé pour notre grossesse comme quand je me préparais pour mes aventures foudroyantes à travers le monde : je me suis documenté. Et là, soyons, bien clairs, c’est très con. Il ne faut jamais faire ça, surtout quand on est d’un naturel anxieux.

Autant pour les aventures ça marchait pas mal : quand je suis partie à la recherche de l’arche de l’alliance, du temple maudit, du trésor des templiers, tout ça, tout ça, je me suis maté l’intégrale des DVD d'Indiana Jones et c’était plié. Quand j’ai voulu trouver le trésor perdu de l’Atlantide, j’ai lu « Comment trouver le trésor perdu de l’Atlantide pour les nuls ». C’est propre, c’est net, les infos sont claires, la marche à suivre aussi.  Autant pour la grossesse, chaque nouvelle lecture m’apportait des stress supplémentaires sur toutes les horreurs qui pouvaient arriver à chaque étape du parcours du combattant (alors que c’est quand même jusqu’à nouvel ordre un des trucs les plus naturels du monde). J’avais même fait une liste pour être sûr de rien oublier sur tous les trucs à vérifier au jour le jour. Etant entendu qu’on avait appris notre grossesse très tôt, ça faisait passer le temps trèèèèèèèèèèèès lentement et ça faisait aussi plein de raison de se manger les doigts (pour vous dire, y me restait que des moignons de bras à mi-grossesse). Depuis d’ailleurs je hais Laurence Pernoud et ses merdes de bouquins sur « j’attends mon enfant ».

Je m’étais donc débarrassé rapidement de mon premier flip « allait-on mettre en route notre progéniture deuxième-du-nom rapidement ? ». Deuxième flip : "la progéniture en question allait-elle s’accrocher ?". Bon, de nouveau j’avais fait appel à la technologie et j’avais filé à mon spermatozoïde victorieux (sûrement celui qui avait eu la chance d’avoir le GPS et les patins à roulette Winnie l’ourson) un sac à dos avec plein de matos dedans : des harnais, des poulies, des grappins, de la colle UHU et du scotch double face. Du coup, ben, paf, y s’est accroché impeccable (à 8 jours, l’œufs est accroché à la paroi de l’utérus et un petit nid se forme autour de lui - home sweet home). Une fois accroché, l’œuf devient ensuite un embryon. A 3 semaines, il mesure 2 millimètres de long (je sais que c’était encore un peu juste, mais je l’ai inscrit dès ce stade à la NBA, il n’est jamais trop tôt pour être champion de basket). « La grossesse s’annonce bien » nous dit le Dr L*ans, l’affreuse docteur des chattes (surnom donné par moi-même aux Gynécos en général et à celle-ci en particulier qui est juste une des êtres humaines la moins empathiques du monde - elle devrait d'ailleurs postuler pour le Guiness Book, je suis sûr qu'elle obteindrait un prix avec mention).

C’était le moment pour nous de trouver un nom de code à notre futur pitit nenfant. On est partie de « boule : n.f. : corps sphérique. Se mettre en boule = se pelotonner ». On a trouvé ça mignon comme base, donc on est partis sur Bouloche. C’est doux, c’est mignon, c’est tout rond (un peu comme un barbapapa, mais en moins con), c’est unisexe, et ça passe au pluriel (non merci, mais on sait jamais et à ce stade on ne savait justement rien sur le nombre de pitit(s) nenfant(s) en question). J’en viens donc tout naturellement à mon flip n°3 : "Bouloche était-il (elle) seul(e) ?" (Soyons honnête, je n’aurais probablement pas survécu à une grossesse multiple. Et ma femme non plus d’ailleurs, puisqu’elle semblait déjà enceinte de 4 mois au bout de deux jours et que ses pieds paupiettes ne rentraient plus dans aucune chaussure - mais par contre très bien dans les boîtes à chaussures (qu'on avait bien fait de garder du coup). Tout est affaire d’organisation, certes, mais tout de même. Le souci c’est qu’il y avait 15 000 cas de jumeaux/jumelles dans ma famille à toutes les générations sur les trois dernières générations… Ca n’a pas été le cas (et hop, encore un flip en moins, yahouuuuuuu) : à 4 semaines, on a eu confirmation que Bouloche était seul(e) dans son 1 pièce et que le développement se passait bien : il/elle mesurait plus d’un centimètre (bah, quoi, il/elle veut pas une médaille non plus, c’est minab’ 1 cm. Mais bon, en même temps, y faut bien commencer…) et se mettait à fabriquer un début de squelette et de cerveau. J’ai montré une image à Sasha qui m’a dit : « c’est mignon, on dirait une écrevisse ». Ca m’a pas trop fait rire. J’imaginais déjà un bébé avec des pinces, une carapace articulée et des moustaches…

A 1.5 mois, Bouloche mesurait 1.95 cm, on devinait (vaguement) sa tête et son corps et surtout la gynéco nous a fait entendre son cœur. C’était juste incroyable : it was aliiiiiiiiiiive ! A 2 mois, Bouloche était maintenant un fœtus (il faut quand même suivre ces conneries, ça change de nom tout le temps, c’est infernal). Il/elle mesurait 4 cm et avait tous ses membres et ses organes (y pouvait se gratter le nez ou les fesses du coup, c’est bien pratique d’avoir des mains, mêmes à l’état de moignons embryonnaires, on se rend pas compte). Comme je suis hyper pas zen comme aventurier mystérieux et buriné, j’ai eu le bonheur de faire une couvade inversée : plus ma femme prenait de kilos, plus j’en perdais (-6 kg en 3 mois : à ce rythme là, j’allais peser moins lourd que Bouloche quand il/elle montrerait le bout de son nez).

Et nous arrivons enfin, au terme d’une période qui m’aura semblé durer 10 ans à l’échographie du 3ème mois (première écho officielle). Beaucoup d’émotions évidemment en regardant bouger ce petit chose (même si le matos de l’affreuse docteur des chattes a l’air de dater de la guerre froide). Bouloche bouge beaucoup (déjà très turbulent(e), ça promet), mais bon, tout va bien. Il/elle mesure maintenant 10 cm (le contrat avec la NBA se rapproche à vue d’œil) et le docteur des chattes nous dit (je cite) que « Bouloche est réglementaire » (ça fait rêver comme formulation). J’en ai donc conclu que Bouloche n’irait pas en prison à sa sortie ! On voit sa jolie tête et sa colonne vertébrale. Je dis « oh, cool, on voit son cerveau ». Le docteur des chattes me répond fort aimablement (elle est décidément pas commode) que « pas du tout, pour l’instant c’est que d’la flotte dans sa tête ». Ah ? Très rassurant. "C'est normal, Monsieur". "D'accord madame le docteur des chattes, si vous le dites..." (y'a quand même façon et façon de dire les choses à des futurs parents. C'est tout de même pas très fin de nous dire que notre progéniture à la tête pleine d 'eau).

Bref, des fois qu’on aurait eu des doutes (un gros gaz est si vite arrivé), le docteur nous confirme que nous sommes bien enceintes. Bouloche est là, Bouloche est accroché(e), Bouloche est tout(e) seul(e), Bouloche va bien, vive Bouloche ! Je suis le plus heureux des aventuriers mystérieux et burinés.

STAY TUNED for the next episode. Et portez vous bien les poulets.

dimanche 17 juin 2012

25. Ne jamais faire de pari fou que l’on peut gagner (c’est stupide).

Quand nous sommes arrivés à Quimper, comme tous nouveaux arrivants dans une ville inconnue, mystérieuse et humide (en l’occurrence), c’est grâce à notre progéniture que nous nous sommes faits des amis. C’est plus facile et moins humiliant que d’aller de bar en bar l’air minable en demandant à des gens au hasard s’ils veulent devenir nos amis sivoplé (steuplé ! Allez, deviens notre ami, on te filera d’la tune si tu veux, allez, steuplé, dis oui ! dis oui ! dis oui !)… ou pire : de faire la tournée des boîtes à partouze (l’atmosphère est certainement très chaleureuse et conviviale, mais on devient vite très (trop) amis à mon goût). La crèche était donc le lieu tout trouvé (et politiquement correct qui plus est) pour faire connaissance avec des nouveaux gens. Certains étaient très effrayants (le père psychopathe à la calculatrice, qui passait ses journées à calculer combien coûtait à la crèche une tranche de jambon Eco+ vs la Marque Distributeur de chez Géant, la mère barjo qui voulait que nos enfants mangent 100% bio et habillait son fils exclusivement avec des habits en poils de yak non traités et avec un bonnet péruvien en alpaga, la mère ultra-réservée qui ne bougeait et ne parlait jamais, etc…), et puis au milieu de tout ça, quand même, on a rencontré des gens COOL. On va les appeler les Gotreff, ils se reconnaîtront. Ca a été nos premiers amis sur Quimper. Ils avaient (et ont toujours) un fils qui a le même âge que Sasha. Ils ont été amoureux un temps (nos enfants), mais maintenant ils sont (je les cite) « juste potes ».

Ca c’était pour le contexte global. Pour le contexte particulier du post (et du pari fou donc), on passait le nouvel an chez eux. C’était en Décembre (incroyable pour un nouvel an, quelle coïncidence !) 2007. Et là, je sais pas bien c’qui nous a pris, mais on a décidé qu’il fallait qu’on fasse un deuxième babynou dans l’année. Bon, alors sur le principe, en faire un deuxième, y’avait rien de dramatique (encore qu’avec un peu de recul maintenant, c’est quand même assez hardcore de passer de 1 à 2 je trouve), en faire un genre de pari, c’était pas forcément brillant, mais bon, l’alcool et les putes coulaient à flot donc j’imagine qu’on avait des excuses, mais c’est dans la suite des événements que les choses se sont emballées. Sachant qu’il était bien question qu’ils aient une fille et nous un garçon histoire qu’on puisse maquer les deuxièmes ensemble aussi en plus de nos aînés et faire du coup un mariage à quatre à moindre coût (on était ivres cuits certes, mais encore lucides sur les questions importantes de la vie tout de même).

16 Janvier 2008 : Madame Gotreff nous appelle pour nous dire qu’elle est enceinte. Force est de constater que quand les Gotreff décident de s’y mettre, bah y perdent pas de temps... 2 semaines : putain, la pression de ouf. Madame Gotreff était très contente. Monsieur Gotreff était pas très content  - enfin si, un peu quand même, mais y précisait bien qu’ y avait une GROSSE différence entre « dans l’année », et « au bout de 2 semaine » (force est de constater qu’il y avait une marge certaine – j’étais assez d’accord avec lui, solidarité masculine ou pas) et du coup c’était a priori un peu rapide pour lui (et pour moi aussi, j’étais pas prêt du tout, déjà que je flippais qu’on mette deux ans avant de pouvoir y arriver. Y m’a mis une sacrée pression le père Gotreff, c’est peu dire !).

Bon, alors là, j’ai dû déclencher le plan d’urgence, pasque si mes spermatozoïdes étaient aussi doués que moi en orientation, on était pas rendu (voire on était complètement foutu). Et le babynou pas prêt d’arriver du coup. J’ai donc tout misé sur l’outillage high-tech. Avec ça, on devait s’en sortir normalement (c’était quand même censé être des spermatozoïdes mystérieux et burinés à la base). Alors hop, hop, hop, j’ai commencé par les équiper de cartes détaillées des lieux (« vous êtes ici » « l’ovule est là », « vous suivez les flèches ») et, pour les plus chanceux d’entre eux, de GPS (« dans 2 cm, prendre la trompe de fallope gauche et se ranger sur la droite pour atteindre l’ovule ». « Vous êtes arrivés au site de fécondation »). Comme la reproduction est aussi une affaire de vitesse, je leur ai également filé dans le doute des patins à roulettes, des trottinettes et, pour les plus prometteurs, des vespas (impeccable quand on a pas de pieds et pas de mains). Bon, ben à ce stade je pouvais pas faire beaucoup plus, y’avait plus qu’à attendre (et à pratiquer aussi, va s’en dire).

18 Janvier 2008 : Ma femme m’appelle au boulot. Elle me dit « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ». Moi : « Va pour la mauvaise, ça sera fait ». Elle : « Tu vas bientôt dormir encore moins qu’à l’heure actuelle » (Sasha n’avait jamais trouvé la fonction sommeil depuis sa naissance). Moi : « Effectivement, c’est une sacrée mauvaise nouvelle, même si je vois pas bien comment ça peut être pire (j’avais rien vu venir). Allons-y pour la bonne, histoire d’équilibrer ». Elle : « Tu vas être papa ». Moi : « … » (Alors là, soyons bien clair, on a beau être un aventurier mystérieux et buriné, on n’en est pas moins homme, alors mon costume d’aventurier a tout craqué de partout et j’ai pleuré de joie pendant 20 minutes la tête écrasée sur mon clavier d’ordi (ce qui permet toujours d’asseoir une certaine crédibilité sur son lieu de travail). Après je me suis quand même repris, comme un vrai bonhomme, j’ai relevé la tête, j’avais AZERTYUIOP à l’envers gravé sur le front et mon rimmel coulait à flot sur mes joues, mais bon, j’étais sacrément heureux, forcément. On était pas mal non plus nous-mêmes en terme de fécondité du coup !

Et paf : doublé gagnant pour les deux couples ! Et on a appris par la suite qu’on avait en fait la même date de terme théorique (c’était juste ridicule) : le 16 octobre 2008. Déjà qu’à la crèche tout le monde croyait qu’on était échangistes (on faisait des blagues en laissant des sous-vêtements dans le casier de l’enfant des autres – ah, ah, on était jeunes et fous à cette époque), ça n’a pas arrangé notre réputation cette histoire. Mais ça nous a quand même bien fait rire.

Ceci étant, je remets clairement en doute la précision du diagnostic de l’affreuse gynéco : je reste persuadé que c’est le 14 que j’ai tout donné et que c’est à cette date que Margot a été conçue !

lundi 11 juin 2012

24. J’adore les chats (PART III/III) (surtout le mien) (surtout en paupiette).

Nous voici donc arrivés au terme de la trilogie sur ma chatte (y’a pas à dire, j’ai vraiment le sens de la formule). Même les meilleures choses ont une fin. Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par la révélation finale comme dans un bon vieil épisode de Columbo : j’ai ENFIN réussi à extraire l’utérus de la chatte de ma femme (j'ai vraiment du mal à me défaire de ce sens de la formule - le sujet est sensible en même temps). Dit comme ça, on a l’impression que ça a été trop simple, alors qu’en fait pas du tout. Ca a même été un genre de bon gros parcours du combattant cette connerie !

Alors évidemment, comme tout bon aventurier mystérieux et buriné que je suis, vous vous dites que je lui ai arraché l’utérus avec les dents. Mais en fait non. Je trouvais ça sacrément dégueulasse (déjà que j’avais jamais réussi à tuer moi-même ses morpions de gosses…) : il était pas question du tout que je lui bouffe le cul et tout le reste et que je me retrouve avec un mélange de chair et de poils et d’autres trucs dégueu dans les dents - j’ai les dents du bonheur certes, mais je suis sûr qu’y y’a plein de trucs qui seraient restés coincés quand même et le concept me plaisait assez moyennement. En plus c’était sûrement un coup à choper une gangrène de la langue ou la peste bubonique ou une autre maladie extrêmement fatale. Je me suis également posé un temps la question de l’extraction à la petite cuillère, mais ça semblait peu avenant également et quelque chose me dit que ça l'aurait un peu picoté et qu’elle se serait pas forcément laisser faire sans réagir (elle est très agile AUSSI des pattes arrières).

Du coup, je me suis résigné à lui faire enlever son utérus de manière tout à fait conventionnelle, et par un professionnel qui plus est (un vétérinaire ça s’appelle – comment peut-on vouloir faire ce métier ?). Ça tombait bien, il y en avait un sur la route pour aller chez B*nduelle (j’étais encore un jeune cadre dynamique avec un emploi à cette époque). Le plan était pourtant simple (sur le papier) : la laisser le matin avec un utérus et la récupérer le soir sans utérus. Impeccable !

Bon, le plan s’est d’abord déroulé sans accroc - Sauf qu’il a fallu s’y mettre à 2 pour l’enfermer dans sa cage de transport et qu’elle a passé les 20 minutes du trajet en voiture à essayer de me massacrer la cuisse droite à coups de griffes (j’avais eu l’excellente idée de la mettre devant, côté passager. A ma décharge, c’était la place du mort et j’espérais sans doute inconsciemment un miracle avant d’arriver à la clinique vétérinaire…). J’arrive enfin à ladite clinique et je pose la saloperie encore dans sa cage sur le comptoir en demandant à la gentille madame de l’accueil s’il serait possible de lui retirer son utérus dans la journée sivoplé merci et qu’ça’saute !

Gentille madame de l’accueil : « Bien sûr Monsieur, comment s’appelle votre chatte » 
Moi (qu’est ce que ça peut bien vous foutre ?) : « C’est pas ma chatte, et elle s’appelle Zoé »
Gentille madame de l’accueil : « Et son nom de famille ? »
Moi : (Pardon ?) « Elle en a pas. Je l’appelle « la pelure », mais je sais pas si ça compte… »
Gentille madame de l’accueil : « Nous sommes un établissement sérieux Monsieur et c’est une intervention non négligeable, quel est votre nom de famille ? »
Moi : « XXXXXX »
Gentille madame de l’accueil : « Et ben voilà, vous voyez, c’est pas si difficile, elle s’appellera donc dans nos fichiers Zoé XXXXXX (are you kidding me, cette infamie porte désormais mon nom de famille ?!). Avez-vous des coordonnées téléphoniques ? (je lui donne) Et ceux de votre femme si on arrive pas à vous joindre ? (je lui donne aussi). Quel âge a-t-elle ? (je lui dis « trop vieille » : ça la fait pas rire du tout). A-t-elle un Carnet de santé ? (je rigole pendant 2 heures).  A-t-elle ses vaccins à jour ? (je rigole pendant  4 heures) ».

Après j’y vais quand même pasque j’ai un taf et pas que ça à foutre non plus (et je dois avouer que les cliniques vétérinaires me mettent mal à l’aise). Je repars donc le cœur léger au travail en me disant que je récupérerai le soir une chatte stérilisée et que ça sera pas dommage. Sauf qu’à peine arrivé au bureau, je reçois un coup de téléphone… (je vous le donne en mille) de la clinique, comme de par hasard.

Vétérinaire : « Bonjour Monsieur ! C’est le vétérinaire qui s’occupe de votre chatte »
Moi : « C’est PAS ma chatte, c’est celle de ma femme »
Lui : « Je viens de faire un examen clinique préliminaire (et pourquoi donc ? On vous demande de lui enlever son utérus, pas de voir si elle va bien), et il s’avère que votre chatte (c’est PAAAAAAAAAAAAAAAAS ma chatte bordel) a l’œil terne et les muqueuses sèches (je ne veux même pas savoir quel(s) examen(s) il a bien pu pratiquer pour découvrir qu’elle avait les muqueuses sèches) ».
Moi : « Et donc ? Où voulez-vous en venir ? »
Lui : « Il me semble dangereux de l’opérer dans ces conditions ».
Moi (voyant une opportunité qu’elle y perde la vie) : « Meuuuuuuuuh non, vous paniquez pour rien mon vieux, elle pète le feu, donc vous me l’opérez  fissa et vous arrêter de vous poser des questions existentielles à deux balles. Allez, hop, hop, hop, on prend son scalpel et on y va ! »
Lui : « Je vais voir quand même, ça me semble risqué… »
[Moi (dans ma tête) : « Mais justement ! Go for it ! C’est le moment ! »]

A ce stade, j’étais sûr qu’il l’opérerait et j’espérais qu’elle y resterait. Elle serait morte sans que ce soit (vraiment / directement) ma faute ! Nickel : le plan parfait. J’avais juste oublié que j’avais donné les coordonnées de ma femme et que j’avais bien signifié une bonne centaine de fois que c’était pas ma chatte mais celle de ma femme. Donc, du coup, ce fourbe de vétérinaire l'a appelée derrière mon dos pour lui demander s’il devait annuler l’opération, ma femme a évidemment dit oui et donné son feu vert pour faire plein d'examens afin de savoir jusqu’où allaient les problème de « ternitude » des yeux de sa chatte et de sécheresse de ses muqueuses.

Bilan des courses, quand je suis revenu la chercher le soir, léger comme une plume et m’attendant à la trouver : 1/ Au mieux morte, 2/ Au pire vivante mais stérile, imaginez ma surprise lorsque je l’ai retrouvée vivante ET non stérilisée (horreur !), avec (cerise sur le gâteau) une facture de 149€ à payer pour « bilans sanguins approfondis » et « cure de vitamines de 3 semaines ». J’ai appelé ma femme pour lui demander si elle se foutait pas un peu de m’a gueule, elle m’a dit que non - mais j’ai eu comme un gros doute quand même.

Après je me suis battu pour récupérer Zoé : je voulais la reprendre tout de suite (j’avais subi assez d’échecs cuisants pour la journée), sauf que la gentille madame de l’accueil (la même que celle du matin) voulait pas me la rendre tant que je n’aurais pas eu un « entretien post-examen avec le vétérinaire ». Ce à quoi j’ai répondu « que j’en avais bien rien à foutre, que c’était pas ma chatte (je crois que ça commençait à être clair) et que j’aurais préférais qu’elle crève pendant l’opération programmée, mais avortée, et que de toutes façons je dégueulais les chats quels qu’ils soient et surtout celle-ci ». Alors là, ça a été un peu le drame, dans la mesure où j’ai dû dire tout ça un peu fort (et peut-être même avec une légère pointe d’énervement à peine perceptible dans la voix) et du coup tout le personnel de la clinique s’est arrêté de parler et de bouger en même temps et ils se sont tous mis à me fixer (assez méchamment pour la plupart, avec un lourd regard d’incompréhension pour les autres) et j’ai eu l’impression d’être au mieux l’être humain le plus vil du monde et au pire l’antéchrist.

Tous ces gens complètement kéblo sur des animaux de compagnie à deux balles ça me déprime sévère, mais quand en plus je sens une vague d’hostilité généralisée, ça me gave. J’ai fait un esclandre pour récupérer l’aut’ connasse, la dame de l’accueil refusait de me la filer, j’ai menacé de me barrer sans les payer et sans le chat, le vétérinaire a interrompu une opération en cours pour me faire le débrief post-examen nécessaire à mon départ. Je lui ai bien dit que j’en avais rien à foutre de son débrief post-examen, que si je pouvais la buter à coups de pioche, je le ferais et qu’il valait vraiment mieux pour lui que je puisse repartir vite avant que je foute le feu à tout le bâtiment. Il a finalement daigné me rendre la pelure (sur sa cage y’avait une étiquette avec marqué « Zoé XXXXXX »), en disant que j’avais pas trop l’air d’aimer le chats (quel fin observateur de la nature humaine ce vétérinaire…).

J’ai payé la facture la mort dans l’âme et la dame de l’accueil m’a très aimablement et très naturellement demandé quand est-ce qu’on pourrait prendre RDV pour l’opération. Je sais même pas comment elle a pu imaginer que j’allais remettre un pied dans leur bauge une autre fois dans ma vie. A la place, je lui ai dit fort poliment d’aller se faire enculer en enfer et je suis parti. Non sans avoir repéré sur le comptoir un petit panneau qui hante mes nuits depuis : le cycle de vie du chat (dont la durée de vie va potentiellement jusqu’à… 21 ans !!!). Youpi ! À ce rythme, c’est elle qui va m’enterrer, c’est vraiment moche. Elle en plus, elle pourra venir danser sur ma tombe avec tous les nouveaux petits bébés chats qu’elle aura eu grâce à son utérus qu’elle avait donc toujours… J’étais maudit. Autant vous dire que j’ai fait la tronche une bonne semaine à la maison pour bien faire comprendre à ma moitié qu’y faut pas se foutre de la gueule du monde non plus (et aussi pour fomenter dans l’ombre ma riposte : par la porte ou par la fenêtre, cette chatte allait perdre son utérus j’en faisais le serment).

Plan B : j’ai pris un véto de Quimper au pif dans les pages jaunes (il avait une voix de serial killer au téléphone, ça m’a tout de suite mis en confiance) et j’ai pris RDV pour tout de suite (coup de bol : il avait un RDV qui venait de sauter). Alors là, traitement différent, j’ai à peine eu le temps de poser sa cage de transport sur la table d’opération qu’il lui enfonçait déjà une grosse seringue hypodermique pour rhinocéros dans le cul, le scalpel entre les dents (y perdait pas d’temps le bougre). Ni une, ni deux, elle dormait déjà quand je suis reparti trois minutes plus tard. Ca c’est du boulot de pro : pas de chichi, pas de fioriture. Voilà un professionnel qui fait ce pour quoi il est payé et c’est bien tout ce que je lui demandais. Fin de journée, je suis aller chercher la pelure qui était donc devenue stérile (mouhahahahahahahahahahahahah) et semblait un peu pâlichonne… Elle n’était pas morte pendant l’opération ? Qu’à cela ne tienne ! Elle pouvait peut-être encore y rester les jours suivants !

Bon, en fait elle y est pas du tout restée, elle est toujours vivante, elle coûte toujours une blinde en croquettes, elle chie toujours à côté de sa litière (idéalement tout autour et dessous mon atelier de bricolage, comme de par hasard), elle perd toujours ses poils, elle est toujours aussi moche MAIS au moins elle ne se reproduit plus, ce qui lui confère quand même (en tous cas de mon point de vue) un avantage tout à fait non négligeable. Et puis je peux pas lui enlever qu’elle est plutôt gentille (infâme, mais gentille). Donc, bon, on fait avec du coup…

Ceci dit, tout bien réfléchi, je peux sans doute tourner tout ça à mon avantage. Compte tenu de notre situation financière toute pourrite, si je l’épile avec des bandelettes de cire chaude VEET (ou même de marques distributeurs), je pourrai la vendre sur Ebay en la faisant passer pour un de ces affreux chats égyptiens hors de prix. Elle va enfin se rendre utile ! Je vous tiens au courant... A très vite, T.

jeudi 7 juin 2012

23. J’adore les chats (PART II/III) (surtout le mien) (surtout en civet).

Je vous avez quitté(e)s alors que nous étions tous tombés d’accord (enfin, surtout moi) sur les caractéristiques principales du chat : fait semblant de ronronner uniquement pour bouffer, coûte une blinde en croquettes, chie à côté de sa litière (ou encore mieux : à cheval entre la litière et le sol), perd ses poils, ne sert à rien et, SURTOUT, n’est pas du tout un animal de compagnie pour un aventurier mystérieux et buriné.

Ca, c’était pour les chats en général. Je vais devoir, malheureusement pour moi, rallonger cette liste puisque nous allons arriver dans le vif du sujet : la chatte de ma femme. J’en vois qui ricanent grassement près du radiateur, c’est naze. Je reformule donc : le chat femelle de ma femme. Elle a donc été livrée avec le package et j’avais, dans un moment d’égarement (je ne vois que ça), accepté qu’elle vienne habiter avec nous (c'est-à-dire non seulement près de moi, mais en plus SOUS MON TOIT). Tu parles d’un con ! Heureusement, on avait une maison, donc ça faisait théoriquement moins de chance de la croiser que dans un studio (c’était mathématique). Surtout que sa pièce « dédiée », c’était la buanderie et qu’elle y passait beaucoup de temps (peut-être pasque je l’y enfermais à clé régulièrement ?). Mais c’est pas pour ça que c’était un bonheur au quotidien, loin s’en faut.

Autre caractéristique de cette chatte, elle est particulièrement moche. Je pense être assez objectif en disant ça, car il m’est arrivé de trouver certains chats beaux (infâmes, mais beaux). Et là, non, pas du tout. On dirait une pelure. Un peu comme si elle était issue de milliers de générations de bâtards (ce qui est le cas) et que chaque nouvelle génération avait choisi les pires gènes de la génération précédente avant de naître. Donc, au mieux, elle est semi-touffue en mode « poils d’hiver » et au pire elle ressemble à un vieux tapis en mode « poils d’été ». Immonde dans les deux cas. Comme c’est un peu une warrior et qu’elle manque un tantinet d’amabilité avec les gens de sa race, et ben elle se frittait tout le temps et en a gardé bon nombre de balafres (un bout d’oreille droite en moins, une cicatrice géante sur la joue gauche, un problème de bouche : on dirait qu’elle a plus de lèvres supérieures (ça fait un peu maquillage goth)). Bref, elle est moche. Ca s’est pas arrangé le jour où elle a déglingué un gros chat qui était venu sur son territoire : elle avait du coup perdu un bout de tête au passage (on voyait son cerveau, c’était juste impeccable !). Mon amoureuse lui tamponnait le cerveau tous les soirs avec du désinfectant (et avec amour aussi), pendant que je faisais des prières pour qu’elle meure d’une infection généralisée, mais finalement la vie a gagné et son cerveau s’est refermé (et une cicatrice de plus, une !).

Pour ceux qui ricanaient près du radiateur tout à l’heure, ils n’auront pas manqué de noter que Zoé est une femelle. Quand elle est « arrivée dans ma vie » (« dans ma maison » plutôt, pasque je l’ai jamais laissé rentrée dans ma vie, soyons clairs), elle avait 8 ans. Ce qui lui fait quand même 13 ans aujourd’hui (je trouve d'ailleurs qu’il serait de bon ton qu’elle se décide à mourir une fois pour toutes). Elle avait déjà eu 256 enfants (ce qui est beaucoup avouons le). Autant dire qu’elle reléguait sans souci Paméla Anderson et Zahia au rang de putes du pauvre. Ca s’est pas arrangé avec son arrivée à Quimper, d’autant plus que moults chats mâles déambulaient joyeusement dans la ville à la recherche d’une chatte peu farouche à sauter. Pas de souci, Y z’ont pas été déçus du voyage. Zoé, c’est un peu comme Daniella, elle est toujours d’accord pour battre des records. Autant dire qu’elle a fait péter les scores !

Un des gros avantages que lui a filé mère nature, et qui arrangeait moyennement mes affaires, c’était qu’elle était dotée d’un très bon rendement. Comprendre : 7 chatons viables par portée (c’est plus drôle). Tous de races différentes évidemment (des poils ras, des grands poils, des siamois, des unis, des rayés, des tachetés…), histoire de bien faire comprendre à Zahia qu’elle pouvait aller se rhabiller et qu’y y’avait 7 pères différents. Moyenne : 1 portée tous les 3 mois. Impeccable. Sauf une fois où, sur les 7 bébés, y'en avait un qui avait l'air mal en point alors elle l'a bouffé pour se faire des protéines. (et alors là, je vous le demande sincèrement : quel animal sympathique digne de ce nom mange son bébé déjà mourrant ? Ces bêtes sont des monstruosités, et je veux pas entendre de discours sur "c'est la nature, y serait mort de toutes façons, les plus faibles doivent crever..." nan, nan, nan, c'est juste infâme et pis c'est tout). Bref, souvent, elle accouchait quand mon amoureuse était absente (à croire qu’elle faisait exprès) : j’entendais des râles innommables sortant de je ne savais pas où… avant de découvrir que la chambre de ma fille était son endroit de prédilection pour pondre ses mioches et étaler son placenta dégueulasse partout (une fois dans le coffre à peluches, une fois directement dans le lit de ma fille…). A chaque fois, ma femme me disait « regarde comme y sont kro mignons » (je regardais seulement du coin de l’œil pasqu’y z’étaient effectivement sacrément mignons). Par contre, après deux mois, y z’étaient plus du tout mignons : ça sautait dans tous les coins, on pouvait pas faire un pas sans en écraser un (bien fait !), le budget nourriture/litière avait été multiplié par quatre fois l’infini, y’avait des merdes de chat partout dans la maison… C’était juste insoutenable. Et il fallait bien sûr que ça soit moi qui m’en débarrasse. Dans un premier temps, on a trouvé des amis ou des gens compatissants qui ont bien voulu en prendre (je ne sais pas pourquoi, mais je me suis pas posé la question très longtemps, je leur ai filés). Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, plus personne en voulait ! J’ai donc dû trouver des solutions alternatives, et c’est là que mon instinct d’aventurier s’est réveillé.

J’ai décidé d’aller les perdre dans les bois. C’est sympa, ça, les bois, y’a des arbres pour dormir, des oiseaux pour manger et pas de prédateurs naturels connus. Ca semblait une bonne idée. Sauf que en fait pas du tout pasque je me suis retrouvé en face du seul garde champêtre de France (je croyais que ça existait même plus comme espèce ce truc). Et même si ça existait encore, y sont pas censé s’occuper des chasseurs plutôt, au lieu de venir emmerder les aventuriers qui tentent de perdre discrètement leurs chats dans la forêt ? Le problème, c’est que j’ai depuis toujours une peur panique de tous les symboles d’autorité, comme l’impression d‘avoir quelque chose à me reprocher (alors que pas du tout). C’est vrai avec la police, j’ai découvert que c’était pareil avec les gardes champêtres (alors que je sais même pas si y z’ont une quelconque autorité ces gens là).

Lui : « Bonjour, je suis le garde champêtre. Qu’est-ce que vous faites dans les bois ? »
Moi (avec un carton qui bouge sous le bras) : « Rien, je me promène avec un carton »
Lui : « C’est pas des chats au moins ? » (Comment a-t-il su le bougre ?)
Moi (je fais un prout) : « Oh, non, Monsieur le Garde Champêtre, comme vous y allez ! »
Le carton sous mon bras : « Mahou ! » (Connards de chats, fermez vos mouilles !))
Lui : « Vous me prenez pour un con ? » (à ton avis ?)
Moi : « Je ne sais pas du tout ce que ces chats font dans mon carton, je vous promets »

… Bref, je me suis fait grillé comme un jeune porcassin de deux jours, j’ai eu droit à deux heures de morale et j’ai dû repartir avec 5 chatons (j’en avais déjà largué 2 avant de rencontrer mon nouvel ami). Et ensuite j’ai dû changer de forêt, mais vous avouerez que c’est pas d’bol quand même.

Les portées suivantes, elles ont été piquées directement à la naissance à grand renfort de 7€/chat, c’qui est un p’tit peu abusé quand même (y pourrait au moins faire des tarifs dégressifs). En tous cas, j’ai bien rigolé quand y m’ont demandé si je voulais le supplément « enterrement » (que j’ai bien sûr refusé). J’aurais dû faire comme un vrai bonhomme : les noyer ou les mettre dans un sac et les éclater contre un mur, mais définitivement je pouvais pas (un cœur d’homme battait donc encore sous ma carcasse d’aventurier mystérieux et buriné). Par contre, j’ai quand même posé un genre d’ultimatum à mon amoureuse pasque ça commençait à bien faire et que c’était quand même sa chatte ! Elle en avait juste rien à foutre, j’ai donc pris les choses en mains. Du moins le croyais-je…

Bon, ben du coup je pense que ça sera finalement une trilogie (j’ai gardé le meilleur pour la fin) et pas une dilogie : fin de l’histoire dans un 3ème et dernier post donc => il faudra au moins chat !
(ouhh le vilain jeu de mots tout pourri).

lundi 4 juin 2012

22. J’adore les chats (PART I/III) (surtout le mien) (surtout en ragoût).

Bon, ben c’est comme ça, je sais que c’est pas bien, mais je hais les chats (vraiment). C’est pas nouveau, hein, c’est comme ça d’aussi loin que je me souvienne.

Mon premier souvenir de chat remonte à mon CP (j’habitais Angers, let’s rock baby) : ma petite sœur avait attrapé un chat par la queue et l’avait fait tournoyer en l’air pendant une demi-heure. J’avais trouvé ça très drôle (on doit même encore avoir un film qui traîne quelque part au fond d’un vieux carton). Ce qui prouve bien que j’étais déjà pas un grand fan de ces bêtes, sinon je me serais offusqué, même mollement (« mais-heu, non, c’est pas très bien quand même, tu vois parfaitement que cette pauvre bête a l’air de souffrir atrocement le martyr »). Bah, non, à la place j’ai rigolé.

Le souvenir suivant arrive beaucoup plus tard, puisque j’étais en terminale (comme le temps passe vite). J’avais un pote qui avait un chat dont j’étais quasi-certain que c’était la réincarnation de l’antéchrist (le chat, pas le pote). A sa décharge, la pauvre bête avait été jetée du deuxième (ou était-ce du troisième ?) étage d’un immeuble par ses précédents maîtres avant d’être récupérée par le pote en question. C’était  du moins l’explication officielle (Quid du suicide ? Son grand-père était peut-être un lemming ?). En tous cas, on l’avait laissé pour mort et puis en fait non, hop, hop, hop, il était revenu à la vie (avec certes quelques os déplacés, pour ne pas dire brisés, mais bien vivant). Encore cette histoire de 9 vies, sûrement… Du coup, ce con de chat (mais peut-on vraiment lui en vouloir ?) avait gardé une haine féroce contre l’être humain en général et contre moi en particulier, ce qui est complètement dénué de sens, tant il est vrai que j’étais pour rien dans sa tentative de meurtre (pas que ça m’aurait fait pleurer, mais bon, on peut pas m’accuser non plus de toutes les maltraitances sur les chats qui m’entourent). Bref, ce gros con de chat trouvait très drôle de se cacher furtivement au dessus des placards et de me sauter dessus en crachant, toutes griffes dehors, dès que je mettais un pied dans la cuisine (et, idéalement, de me griffer, s’il arrivait à atteindre sa cible en sautant). J’ai bien pensé à le rebalancer par la fenêtre, mais : 1/ C’était pas mon chat, donc, bon… 2/ J’ose à peine imaginer ce qui me serait arrivé s’il était revenu, une fois encore, d’entre les morts. J’étais bon pour la morgue, c’était clair (je crois que j’ai trop lu Simetierre). A la place j’allais plus du tout dans la cuisine et ça se passait très bien. Mais bon, soyons clairs, c’est le genre d’expérience qui vous fait pas kiffer la race chat. Ne dit-on pas d’ailleurs « fourbe comme un chat ? » (À moins que ça ne soit « fourbe comme une loutre », je ne sais plus bien).

Pourtant, je suis obligé de reconnaître, quand on me colle un bébé chat dans les bras, que c’est quand même objectivement très mignon ces merdasses (le problème c’est que ça grandit beaucoup trop vite et après c’est hyper moche). Sinon j’aime bien Garfield aussi, mais bon…

Naaaaan, le vrai problème, c’est que c’est pas du tout un animal d’aventurier, un chat. C’est quand même un peu un animal de grand-mère hémiplégique (ouhhhhhhhhh je sens que je vais me faire plein d'ami(e)s). Tu le gratouilles, y ronronne comme un gros con. Et en fait y ronronne comme un gros con pasqu’il a faim (et pas du tout pasque tu le gratouilles)). Ca coûte une blinde en croquettes, ça chie tout le temps à côté de sa litière (même quand il essaie de viser dedans, ce qui est loin d’être systématique), ça perd ses poils, et SURTOUT ça sert à rien. Voilà pourquoi, pour peaufiner ma légende d’aventurier mystérieux et buriné au fil des ans, j’ai préféré m’entourer... de tortues. Ouais, j’en vois qui rigole au fond à gauche… OK, j’ai eu quelques tortues de Floride (23 pour être exact), mais j’ai surtout eu Humphrey, ma tortue crocodile et là, permettez moi de vous dire que si vous en croisez près de chez vous, vous ferez moins les malins et vous avez même intérêt à vous tirez fissa si vous tenez à la vie (un peu de travail à la maison pour vous chez vous : allez donc chercher des photos de chelydra serpentina sur le net, on s’en reparle après). Ca, c’est de l’animal de compagnie d’aventurier, de ceux qui vous bouffe un caniche en deux coups de cuillère à pot ! Alors OK, niveau affection, c’est moyen et même, un jour, y s’est échappé de son aquarium et est monté dans mon lit sous ma couette (je vous laisse imaginer TOUT ce que j’aurais pu perdre si je m’en étais pas rend compte avant de m’endormir). C’est vrai aussi que ça mangeait du steak haché, mais bon au moins c’était captivant et pas banal comme animal ! C’est une des 100 espèces qui descendent quasi-directement de la préhistoire sans avoir beaucoup bougé (et je vous pris de croire que ça se voit bien). Sinon j’avais des plantes carnivores aussi, ça faisait bien aventurier : je les nourrissait à la pince à épiler, c’était très fusionnel comme relation, mais elles sont toutes mortes. C'est aussi pour ça que je suis devenu aventurier et pas jardinier.

Pour Humphrey, j’ai dû m’en débarrasser pasqu’il faisait peur à mon amoureuse (soit disant il avait un petit nez de porc) et attaquait tout le temps la vitre dès qu’on passait devant son aquarium (ce qui était assez vrai, force est de constater). Du coup elle trouvait que c’était pas forcément un animal de compagnie idéal pour un jeune enfant. Je ne peux pas lui en vouloir jusque là et du coup, comme j’étais amoureux, et ben j’ai abandonné Humphrey à la Ferme Tropicale de Paris où il est peut-être encore toujours, en train de couler des jours heureux (ou alors il a été acheté et il a bouffé ses nouveaux propriétaires). Moi, par contre, en « remerciement » (ah ah), j’ai récupéré un chat. Une chatte plus exactement, qui s’appelle Zoé. Tu parles d’un cadeau. J’aurais dû être plus ferme dès le début et lui demander à elle aussi de se débarrasser de cette infamie à la Ferme Tropicale de Paris (elle aurait sans doute fait un très bon p’tit déj pour Humphrey, en plus).

Bah non, gland comme je suis, j’ai dit OK ! Let’s go baby ! Je t’aime, je prends tout le package, chat y compris (j'étais jeune, j'avais bu probablement, je ne vois que ça) ! Trop bon, trop con ! Vous voulez savoir pourquoi ? Bah y’a qu’à attendre le prochain post (et c'est du lourd).

D’ici là, portez vous bien les gens. T.