mardi 29 mai 2012

20. To Sasha with love.

Période : 23 Mars 2007
Situation sentimentale : En couple (dans le péché), une petite Sasha.
Localisation géographique : Quimper, ville fleurie (et accessoirement trou du cul du monde).
Situation professionnelle : Très bon poste dans une grosse boîte qui fait des légumes (chut chut pas de marque).

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Depuis le dernier post, les choses avaient pas mal évolué (dans le bon sens, contrairement au prochain post où vous assisterez à l’escalade de la violence dans la dégringolade d’un puit sans fond). Pasque je faisais l’affaire probablement (un peu) et/ou pasqu’ils avaient personne d’autres sous la main (on ne saura jamais), les « gentils » gens de chez B*nduelle ont raccourci ma période d’essai et m’ont confirmé dans mon poste après un mois (vs période d’essai initiale de 3 mois), ce qui était somme toute une très bonne nouvelle.

Ca m’a permis de rapatrier ma p’tite famille sur Quimper illico presto, dans une très jolie maison en location qui ressemblait à 50% à une maison de Schtroumpf et à 50% à une maison de conte de fée avec un p’tit jardin tout à fait impeccable. Le tout pour une somme dérisoire compte-tenu de nos référents parisiens. C’est là que nous avons fêté les 2 ans de notre chouquette Sasha. Laissez moi vous dire ceci : les 1 ans de votre enfant, c’est magique, c’est "wouahhhhh il a un an", sauf que le gamin en question, niveau interaction, ça reste encore pauvret. Je trouve perso que le vrai anniversaire qui déchire tout, c’est les deux ans, quand le pitit n’enfant commence à être moins petit, et donc fatalement beaucoup plus grand. Voici donc un condensé de la lettre que j’avais écrite à l’époque à ma petite Sasha qui a aujourd’hui 7 ans, sait lire et écrire, chante Michel Telo en hurlant toute la journée (sans comprendre les paroles, heureusement), se balade en poum-poum short et fait des nœuds à ses T-shirts pasque « ça fait plus sexy papa » (ahhhhhhhhhhhh moins cœur saigne Bud). Bref, ça va me permettre de me rappeler quand elle était encore un bébé, qu’elle n’est plus du tout, mais alors plus du tout (j’en veux pour preuve ultime la crise de pré-ado dans laquelle elle est joyeusement rentrée depuis 1 mois et qui laisse présager du meilleur pour la suite – la suite étant 12 ans si je lis les livres officiels, mais je sens que ça viendra plus vite, une intuition d'aventurier appelez ça !).

Here we go.

 Ma petite Sasha,

Voilà une nouvelle année qui vient de s’écouler et tu fêtes déjà tes deux ans. A ce rythme là, l’an prochain tu passeras ton permis de conduire et tu partiras faire tes études aux USA en colocation avec un punk à chien soixante-huitard : c’est horrible, le temps passe trop vite (tu vas probablement bientôt chausser du 46 comme Papa !).

En même temps, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ta première année sur notre bonne vieille Terre a été un peu chaotique en terme d’habitat(s). J’étais loin de toi et je ne te voyais pas assez à mon goût. On a essayé de faire au mieux avec Maman, mais la distance ne rendait pas les choses très simples. Cette année qui se termine a été riche en rebondissements divers et variés, qui nous conduisent tous les trois vers une jolie vie : Papa a réussi à passer la seconde avec Maman, tant et si bien que vous m’avez suivi toutes les deux à Quimper en Bretagne ( = le pays du porc), où je travaille aujourd’hui dans la salade Traiteur (tout un monde d’érotisme s’il en est – je t’expliquerai plus tard (quand tu auras 65 ans) ce que veut dire érotisme).

Par ailleurs, Maman a eu récemment la bonne idée d’accepter ma demande en mariage et tes parents vont donc se marier dans 6 mois. Ils avancent bien dans les préparatifs et ont vraiment hâte de te voir dans ta petite robe de demoiselle d’honneur. Vous allez toutes les deux vous appeler comme moi (j’ai malheureusement un nom de famille immonde : ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour moi). Dites-vous que c’est très « couleur locale » et que si je m’étais appelé « Brac de La Perrière » (le nom de jeune fille de ma mère), on nous lancerait aujourd’hui des clous rouillés avec du tétanos dessus à tous les coins de rue ou on nous ferait cuire dans des bûchers avec des sorcières ou des contrôleurs des impôts (ou les deux). Je sais, ça fait réfléchir, c’est le but…

Tu cartonnes pas mal dans tous les domaines : tu es toujours adorablissime (C’est décidé, je vais te faire homologuer « truc le plus mignon du monde » par le Guiness Book des Records – ça fera de l’argent pour payer ton voyage aux States) et hyper éveillée (et oui… toujours…). Quel bonheur de t’avoir dans notre vie (sauf quand tu es une chiasse, mais bon, ça n’arrive pas souvent, sauf la nuit – tant il est vrai que tu es une chiasse quasiment toutes les nuits). Là dessus, les mois se suivent et se ressemblent : tu n’as toujours pas trouvé la fonction sommeil et tu es toujours très, très active (même à 4h du mat’ et là, autant te dire que, ni ta vieille mère, ni ton jeune père, ne peuvent suivre : ton énergie est proprement surnaturelle, pour ne pas dire lunaire, le lapin Duracell est une vraie tapette à côté). On a été un peu déstabilisés quand tu as presque réussi à trouver un rythme de croisière nocturne après une visite chez l’ostéo qui t’a chanté « petit cou en caoutchouc, petit cou tout doux, tout mou » en te malaxant ; mais en fait non, on a été vite rassurés : tu as très bien réussi à ne plus faire tes nuits, de nouveau. Même pas mal ! (Quelques cernes tout au plus et aussi quelquefois l’envie de t’expédier au Groenland un jour ou deux par Chronopost), mais rien de bien méchant : même si tu ne veux pas qu’on dorme depuis deux ans, on est toujours fous de toi – et oui, c’est ça l’amour des parents pour leurs enfants : un peu fou, pas bien rationnel et surtout très inconditionnel ! (Souviens t’en STP quand tu feras 1.95m et qu’on sera tous les deux en fauteuils roulants).

Niveau progrès, difficile de faire une liste exhaustive tant tu te développes dans tous les domaines :

Quand on a fêté tes 1 ans, tu venais de faire tes premiers pas de grande (la veille). Certes, tu marchais un peu comme une petite vieille hémiplégique mongolienne à qui des gens mal intentionnés auraient pété les tibias à grands renforts de crosses de hockey, mais bon. Désormais tu cours tout le temps (je crois d’ailleurs que tu ne sais pas marcher). Et tu as définitivement quelques difficultés pour t’arrêter !

Niveau social, tu es la reine de la crèche : tous les garçons sont amoureux de toi, des plus jeunes (9 mois) aux vieux briscards les plus expérimentés (2.5 ans). Toi, tu t’en moques un peu : tu les pousses pour faire les jeux de motricité ou du toboggan à leur place, tu voles leurs doudous, tu les tapes et après tu leur fais des bisous (il faudra que tu comprennes rapidement qu’il n’est pas nécessaire de tabasser un garçon pour lui faire un bisou, sinon ta vie affective s’annonce périlleuse) et aussi tu les mords. Mais bon, ils sont quand même raides de toi (tu apprendras que le garçon aime les fortes personnalités – et de ce côté là, tu n’es pas exactement carencée, ça tombe bien).

Tu dessines beaucoup, tout le temps et partout (le plasma de Papa te remercie d’avance de ne plus l’approcher à moins de deux mètres, la table du salon aussi et la glace de l’entrée du 18ème siècle aussi d’ailleurs). Attention aussi : j’ai entendu Maman dire que si tu dessinais sur notre nouveau canapé de compèt’ (qui a judicieusement été choisi d’une belle couleur blanc cassé, comme nous sommes malins), elle t’enfermerait dans le garage pendant 15 jours avec juste de l’eau et des knakis secs !

Le plus étonnant est probablement tes progrès fulgurants en terme de langage : tu fais des vraies phrases ! (ça nous rajeunit pas). Quel bonheur de voir les mots prendre forme dans ta pitite bouche ! Tu connais tous les animaux et leur cri surtout le lapinou, qui ne fait pas de bruit particulier, mais qui a de grandes oreilles (que tu mimes très bien) et aussi des grandes dents comme Papa. Tu déchires tout aussi en chien (qui fait « wouf, wouf »), un peu moins au niveau du chat (qui, pour toi, fait… « waahouu » (???)) et beaucoup en animaux sauvages, notamment le lion (qui fait « graou »). Par contre, tu continues à croire qu’un pingouin est un canard (alors que pas du tout) et aussi qu’un crabe fait « pou, pou, pou » avec ses pinces. Sur ce dernier point, pas de drame, c’est Papa qui t’a raconté n’importe quoi (sans rancune ?). Papa lutte aussi un peu pour que tu intègres « méduse », mais normalement tu n’en n’auras pas besoin tout de suite pour te faire comprendre dans le grand monde… Quelques soucis aussi avec « girafe », mais rien de bien méchant, il y en a peu dans nos contrées ! Et puis tu sais dire « libellule » et « bêbête », alors…

Tu adores lire des livres (surtout juste avant de te coucher bizarrement). Avec une méthode de lecture bien à toi : tu relis le même livre et/ou la même page potentiellement 50 fois de suite en montrant chaque détail de la page et en le nommant. Ca nous permet de bien profiter du paysage. Niveau culturel toujours, tu adores la musique et tu danses tout le temps dès que tu entends trois notes de musique. C’est cool (sauf Titou le lapinou (l’ancêtre de René la taupe) qui nous *$^ù$^* un peu les noix). Tu pourras bientôt danser avec ton père qui est un p’tit peu ce qui se fait de mieux en la matière (doux euphémisme, je suis 5ème dan de cha-cha)), à tel point qu’on le surnomme dans les milieux bretons autorisés « le john travolta bigouden » (la classe).

Tu galères un brin sur les couleurs (le citron « bleu », la banane « oyange », l’orange « verte », etc…) mais rien d’alarmant (en plus tu maîtrises trop bien le « blanc »). D’un point de vue purement pragmatique, tu mesures 80 cm, pèse 12 kg et chausse du 23. Bref, tout roule ! (et tu vas bientôt pouvoir manger sur la tête de Maman).

Dernière nouveauté en date : Tu as appris « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette… ». Les règles du jeu t’échappent manifestement assez massivement, tant il est vrai que dès qu’on finit la chanson, et même si on n’a pas rigolé du tout, on se prend une bonne grosse baffasse des familles dans notre gueule et tu te marres (et moi aussi by the way - surtout quand c’est Maman qui se prend la bonne grosse baffasse des familles en question).

Aujourd’hui, le 23 Mars, tu m’as dit : « yeu t’aime, Papa ». Du coup, j’étais très zému, et j’ai passé une super journée… sur un pitit nuage. Bon, évidemment, depuis que tu as vu à quel point ça me faisait fondre, tu as tendance à l’utiliser systématiquement dès que tu fais une bêtise (avec, en plus, un « yeu veux un calin » du meilleur effet), mais c’est pas grave, ça me va bien. Aussi tu as dit « cravate ». Ca n’a rien à voir, mais je voulais le mentionner, parce que peu de petites filles de 2 ans savent le dire (je suis très fier, et maman aussi).

Tu nous fais bien rire quand tu engueules ton nounou (toujours là, lui aussi, malgré les années, le vomi, la boue… fidèle au poste !!), en lui disant « C’est mal nounou… tu dors maintenant… c’est pas bien », en agitant ton petit doigt pour qu’il comprenne bien. C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, mais bon, ça nous fait bien marrer (même si on voit bien que tu nous imites : on est vieux certes (enfin surtout ta mère), mais on n’est pas des flanbys, non plus).

Pour finir, je suis toujours aussi heureux (le mot est faible) de t’avoir dans ma vie. Te voir devenir une « grande petite personne » est la chose la plus merveilleuse qui soit : tu es un réservoir de bonheur à toi toute seule. Te voir progresser, apprendre, évoluer, grandir… c’est vraiment de la boulette, petite Sasha !

Je t’aime mon petit ange.

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