dimanche 27 mai 2012

19. Rebirth : Adventure is back, baby !

Période : Février 2006.
Situation sentimentale : Tutti va bene (mais j’aimerais bien que mon amoureuse et ma fille vivent avec moi) !
Localisation géographique : Concarneau (29).
Situation professionnelle : Responsable du Développement des Ventes chez B*nduelle.

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J’ai donc commencé le taf lundi matin. Je crois bien que j’ai pas dormi du tout dimanche soir (c’est pas bien clair cette histoire… J’ai dû voguer entre excitation (réelle) et angoisse (réelle aussi)). Du coup je ressemblais vraiment à rien le matin, mais c’est pas grave, pasque mon métier c’était pas du tout « top model international », mais « Responsable du Développement des Ventes » (oui Messieurs Dames, avec des majuscules, parfaitement !), alors, hein…

Bref, j’ai fait la tournée des popotes, comme tout nouvel arrivant qui se respecte (et dit bonjour à une centaine de personnes sur une matinée)… Pas retenu trois noms… la classe. Surtout que dès le lundi après-midi, tout le monde me disait « Bonjour Thomas », alors moi je disais juste « Bonjour… ». J’avais l’air un peu con, mais bon, c’était pas grave. En fait, pour l’explication, quand on arrive chez B*nduelle, y prennent une photo de vous et font un grand poster A3 avec et le collent partout dans l’entreprise et dans les usines avec marqué en gros « bienvenue Thomas XXXXX », donc forcément, tous les gars avaient une anti-sèche pour savoir à quoi je ressemblais et qui j’étais… Comme en plus y z’avaient tous reçu un mail qui leur racontait ma vie, mon oeuvre… et que j’étais venu leur dire bonjour dans leur bureau le matin même, ben fatalement y z’avaient juste aucun mérite à connaître mon nom… Mais la pratique était somme toute sympathique et du coup j’avais finalement l’impression de connaître déjà pas mal de monde.

D’ailleurs, je m’entraînais activement à reconnaître les gens avec le trombi interne. Malgré mes efforts, y’avait encore de bon gros loupés la première semaine, genre : « Bonjour Thomas ! », « Bonjour Jean-Claude ! » « Ah, non ! Moi, c’est Jean-Louis ! » (Putain, j’étais pas loin…). Ou encore : « Bonjour Thomas ! », « Bonjour Bernard ! » « Ah non, moi, c’est Josiane ! » (Là, c’était plus emmerdant. On a pas idée aussi d’avoir une aussi grosse moustache et une aussi grosse carrure quand on est de sexe féminin).

Bref, j’étais THE personne incontournable chez Bonduelle cette quinzaine là. C’était pas désagréable. Mon ego d’aventurier mystérieux et buriné (quoique bien dissimulé sous un costume-cravate et un teint verdâtre) était content.

Histoire de calmer un peu mon ego, Josette m’a dit en voyant la photo de mon poster de bienvenue que « Oulala, y t’ont pas raté, t’es vraiment pas réussi ! Surtout tes cheveux, y sont dans tous les sens ! ». Bon, j’ai pas pu lui péter la gueule rapport au fait que j’habite un peu « chez » elle quand même (quasiment), mais j’ai tenté le tout pour le tout avec une approche frontale dont seuls les aventuriers on le secret : je lui ai dit : « Ola ma pauv’ Josette, mais là c’est rien niveau coiffure, je peux vraiment faire bien pire ! Et attends de me voir le week-end à moitié nu en T-shirt avec tous mes tatouages dehors et mes cheveux VRAIMENT destructurés (Dragon Ball Z guerrier sayen 3ème transformation, pour les connaisseurs), tu m’en diras des nouvelles. Un look d’aventurier vrai de vrai, ça s’appelle ». Josette a glapi de détresse, « glap, glap » ça a fait. (Discrètement, mais j’ai quand même tout vu grâce à mon œil de Lynx surentraîné - et tout entendu aussi grâce à mes oreilles de Lynx surentraînées elles aussi). Ah, ah, m’est d’avis que j’suis pas près d’la croiser le week-end la Josette (j’aime autant, ceci dit). D’ailleurs, le fait d’habiter « chez » elle me permettait de créer des relations complices avec pratiquement tout le monde, vu que quand on me demandait où j’habitais, je répondais « chez Josette » et qu’après y rigolaient tous grassement en faisant des clins d’œil non moins gras du style « ah, ah, c’est pas l’dernier à gangbanguer Josette sous le pommier  tous les soirs». Bref, on rigolait bien et l’humour de Province était très joli.

En passant, quelques spécificités sur la boîte et son fonctionnement :

- Le matin, tout le monde disait bonjour à tout le monde (mais alors vraiment à tout le monde, pas juste à ceux qu’on croisait : il fallait faire la tournée de tous les bureau tous les matins) en lui faisant une bise (juste une), alors on perdait déjà une heure à dire bonjour à tout le monde, mais c’était sympathique. Heureusement qu’on faisait pas deux bises, sinon on aurait perdu deux heures et ça aurait été moyen pour la productivité (mon Dieu, j’étais déjà de plus en plus Marketeur et de moins en moins aventurier, c’est affreux)…

- Il existait un répertoire « blagues » officiel sur le réseau. Plutôt que les employés s’envoient entre eux des tonnes de mégas sur leurs boîtes mails, l’informatique préférait que tout soit regroupé au même endroit. Donc tout le monde mettait ses blagues en lignes (texte, vidéos), même les plus grasses (« c’est l’histoire d’une pute… » par exemple).

- Pour le déj, il y avait une cafétéria avec toutes les salades traiteur du groupe gratuites et à volonté. Je trouvais ça terrible. Les gens me disaient qu’au bout d’une semaine, je décèderai d’un surplus de légumes et j’irai plus jamais. C’était tout à fait vrai (et puis c’est bien les fibres, ça permets de pas avoir la chiasse), mais je trouvais l’idée quand même cool sur le principe. Les gens avaient par contre oublié de me dire que les ouvriers de l’usine mangeaient là également et que quand on débarque seul en costume-cravate dans une pièce bondée de tables non moins bondées de gens en blouse bleue, bah on fait méchamment tâche et on se sent moyennement intégré (mais sacrément observé par contre). Ceci étant, j’avais déjà rencontré des tribus aztèques moins accueillantes, alors même pas peur.

- Sinon, le QG bouffe des cadres (vive la lutte des classes), c’était plutôt le magnifique Bistro (sans « t » à la fin) de la Gare, à Rosporden. L’endroit était assez « brut » (je trouve pas d’autre mot, j’ai peur de vite devenir désobligeant), mais l’ambiance était bon enfant et la bière et les putes coulaient à flot, alors… Il y avait deux serveuses : l’une ressemblait à une grosses gouine option « camionneur » (marcel en coton blanc + voix d’homme) et l’autre, on aurait dit la sœur jumelle de Laurence Boccolini avec un piercing en plus dans le nez. Rigolo.

- La moitié de la boîte m’avait déjà proposé de faire du co-voiturage et aussi y me donnaient tous des plans « logement » pour après ma période d’essai (genre : maison bord de mer 150 m² + jardin de 1000 m² = 500 euros par mois !). Les gens étaient vraiment gentils en tous cas.

En un mot comme en cent : beaucoup de taf, mais passionnant et avec des horaires tout à fait convenables compte-tenu de mon historique sur le sujet et une bien belle vie en perspective [EDIT 2012 : ah, ah, quel con, j’y croyais vraiment à cette époque]… Alex et Sasha arrivaient dans 15 jours pour une semaine de vacances chez moi (enfin, « chez » Josette), c’était cool (quoique un peu tendu comme situation, y allait pas falloir que ça dure 10 ans cette connerie. Vivement la fin de ma période d’essai et vivement qu’elle ne soit pas renouvelée de trois mois supplémentaires, il était possible que je n’y survive pas).

L’idée principale de tout ça étant quand même de m’installer très vite dans la région pour de bon, avec un vrai chez moi et ma p’tite famille, loin de chez Josette et de sa collection de biches en porcelaine…

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