lundi 14 mai 2012

10. L’exception culturelle française ne marche pas pour les séries, c’est définitif.

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèès amoureux.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Pas l’ombre de la queue d’un job à l’horizon et juste le RMI pour vivre.

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Jeudi soir, c’était la grande première de « R.I.S., police scientifique », nouvelle série policière du jeudi soir (donc) sur la première chaîne. Faut dire qu’avec Navarro et Julie Lescaut, TF1 avait déjà gagné ses lettres de noblesse dans le domaine « GRANDE » série policière… Mais il leur manquait un truc un peu genre les experts (C.S.I. en anglais dans le texte, pour « Crime Scene Investigation »). C’est chose faite. R.I.S., ça veut dire « Recherche et Investigations Scientifiques ».

Et donc, j’y étais (quelle chance).

Annonçons la couleur, cette série confirme comme toujours la nullité des français en matière de série. C’est juste pathétique. Mais en même temps on rigole pas mal (c’est probablement pas le but, mais bon) et ça fait du bien quand on est un aventurier comme moi de poser un peu ses fesses, ses rangers, son fouet et son chapeau et de mouler devant une daube en pantoufles lapins sans faire fonctionner ni ses neurones, ni ses muscles (pas que j’utilise beaucoup ni les uns ni les autres ces temps-ci, ceci dit).

On sent bien qu’on a calibré tout ça pour que la ménagère et son QI de courgette puissent suivre l’histoire sans se péter un synapse. Rassurez vous les gens de TF1, mission réussie à 200%. Les acteurs sont tous plus merdiques les uns que les autres. Comme les personnages de la série sont par ailleurs très fouillés et pas du tout clichés, c’est bien homogène. Impeccable.

1. Alors il y a d’abord Marc Venturi, le chef du labo de la police scientifique. Caution pseudo-beau gosse de la série, il est ultra constipé émotionnellement, rapport au fait qu’il a perdu sa femme, assassinée il y a trois ans (à sa décharge, c’est vrai que c’est pas très fun). Ne veut pas en parler, mais garde une photo du cadavre encadrée au dessus de son bureau. La classe. Se fait chauffer grave par la médecin légiste en rut mais rien n’en est possible (il a manifestement séché les cours de « comment bien faire un rapport sessuel avec la médecin légiste ? »). Passe son temps libre à faire des tours de jogging au parc Monceau. A le charisme d'une moule et le moral d'un bulot très dépressif - qui aurait couché avec une cocker suicidaire qui viendrait de le plaquer.

2. Hugo, pote et ancien prof de thèse de Marc, débauché de son boulot de prof pour intégrer l’unité de police scientifique. Il a un bouc (sur son menton, pas l’animal, hein ?) et sa fille est une grosse bonnasse, mais hémiplégique (on peut pas tout avoir - elle s’est faite écrasée devant les yeux de son père il y a cinq ans). Pas de trace de la mère. Il est très émotif et quand un ado se fait écraser par un chauffard en moto, et risque de devenir hémiplégique, y dit qu’y faut « absolument coincer ce gros enculé ». A manifestement du mal à prendre du recul.

3. Malik, expert en ballistique. Caution beur de la série. Rêve de se taper tout ce qui bouge et qui a deux seins. Sauf la fille hémiplégique de Hugo. Salaud.

4. Julie, nouvelle recrue, bonnasse et rêveuse et « trop prometteuse de la mort » (dixit Hugo). Passe son temps à coller du scotch partout pour récuper des empreintes et aussi essaie de se cacher tout le temps pour que Malik lui refasse pas le cul.

5. Il y a aussi un affreux divisionnaire avec des objectifs de résultats, une pouffe, Nathalie, qui trouve toutes les solutions en deux minutes, etc, etc...

C’est bon, c’est beau, c’est R.I.S. !

Donc, non seulement les persos sont tops, mais en plus, et ça ne gâche rien, les intrigues sont palpitantes, comme par exemple l’histoire du psychopathe à capuche qui cache des bombes dans des cierges et les fait péter dans l’Eglise où s’est marié Marc Venturi… C’est d’ailleurs de loin la storyline la plus drôle. Dans la première scène d’explosion, les enquêteurs du RIS trouvent une lettre, un « U » et partent dans des délires que les meilleurs psychotropes ne peuvent même pas procurer (et Dieu sait que je m’y connaîs en psychotropes) : « Oh, un « U ». Je crois que le tueur essaie de nous dire quelquechose, mais quoi ? (bah c’est sûr qu’avec un « U », y’a beaucoup de possibilités). Il a vraiment l’air beaucoup plus intelligent qu’on le pensait (ah ?) ». En fait, y’avait plein d’autres lettres, et ça faisait V.E.N.T.U.R.I. et donc tout le monde comprend que le tueur en veut personnellement à Marc Venturi (« C’est E-M-I-L-E le tueur, Emile-euh ») (Ohhhhhhh, super suspense, j’ai trop envie de voir la suite, je ne pourrai jamais attendre jusqu’à jeudi prochain, je vais devoir me poignarder à grand renfort de saucisson, surtout qu’il y a pas du tout la cinquième saison de « 24 » qui commence dimanche…).

Speaking of which, le réalisateur a eu la bonne idée de faire un montage pompé sur 24, mais raté. C’est trop nul. Y’a une vieille musique de cymbale derrière (3615 oh le joli compte à rebours). Bref, tout cela est très convaincant et les experts ont du souci à se faire, je pense qu’à l’heure qu’il est CBS essaie déjà de racheter les droits de RIS à TF1. Ah ah.

Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : le rythme est mou à crever et les "effets spéciaux" (pour montrer en flash-back comment s'est passé le crime) sont faits avec powerpoint (à moins que ça ne soit avec word). Ridicule. Je me demande si c'est pas les mêmes producteurs qui ont commis Joséphine ange gardien à bien y réfléchir...

Histoire d’harmoniser le titre de la série avec son niveau de qualité, j’aurais quand même préféré que les scénaristes appellent ça « Les gens très forts pour les indices ». Au moins ça aurait annoncé la couleur. La bonne nouvelle, c’est que la première saison ne comporte que 8 épisodes et que la seconde saison n’est pas encore signée.

EDIT 2012 : je me rends compte avec effroi que la série en est déjà à sa 7ème saison. Je ne sais pas trop si je dois rire ou pleurer.

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