vendredi 11 mai 2012

08. Epaule tatoo (PART I).

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, ça se précise fort fort.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Pas l’ombre de la queue d’un job à l’horizon et juste le RMI pour vivre.

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Bon, Dieu sait que je me suis débarrassé de bon nombre d’affreuses addictions insidieuses ces derniers mois, mais s’il y en a une qui avait encore la vie dure, c’était bien les tatouages. Des fois je me disais « je sais, c’est mal », mais c’était plus fort que moi, j’arrivais pas à lutter et je déposais les armes à chaque fois comme un vieux général syphillitique à bout de force qui sait très bien qu’il a perdu la guerre depuis belle lurette.

Je suis donc allé mercredi dernier voir la « boutique de tatouages » (je sais plus comment on dit) la plus près de chez moi (pas si loin contre toute attente), celle où j’ai fait faire mes deux premiers tatouages : le premier, complètement foiré et boursouflé, sur l’omoplate gauche et le deuxième, joli et gracile, sur le coude gauche. Il s'agissait juste de réfléchir à un dessin que je pourrai faire quand j’aurai un travail - autant dire que c’était pas prévu pour tout de suite, rapport au fait que RMI et tatouage sont difficilement compatibles (à noter : le RMI est difficilement compatible avec tout : BD, CD, DVD, etc…). Que n’en crûs-je pas mes yeux ébahis : la boutique avait été totalement refaite avec un lambris jaune du meilleur effet et je ne trouvai ni Miguel, le chef tatoueur, ni même Soledad, l’affreuse grosse pute qui avait complètement raté mon omoplate gauche comme une vieille merde, mais Elise, une nouvelle tatoueuse.

Elise est tatoueuse donc, mais pas seulement, elle a aussi 21 ans, une grande salopette en jean trop grande, elle est kré kré maigre et a pas de sein (enfin, si, probablement, mais vraiment très plats), elle a 249 piercings à l’oreille droite, des traces de cicatrices partout sur ses poignets et ses cheveux sont rasés sauf à deux endroits où elle a deux longues couettes roses fluo. Dans les milieux autorisés, ça s’appelle « le look de l’emploi ». Elle est très cool aussi. Alors on commence à parler, je lui explique que j’ai pas de tune, que j’ai tout plaqué, que je viens de Paris, etc, etc… Alors elle fait « Oh, moi aussi, de Sarcelles, et toi ? »… « Heu…Neuilly-sur-Seine… ». S’en suit un long silence pesant (relativement horrible).

Mais je n’allais pas me laisser abattre par si peu, je ne mange pas de ce pain là, moi, messieurs- dames. Donc je lui montre mes tatouages et elle bloque sur la bouse de Soledad et me dit qu'elle l'a connaît, que ça l’étonne pas du tout le niveau minable du taf réalisé et que c’est une grosse porcasse trop nulle qui ferait mieux de retourner sur les bancs des écoles de tatouages plutôt que d’chauffer tout le monde. Après on a passé trois heures à co-dessiner le tatouage de mes rêves. Et Elise d’enchaîner : « t’es cool (force est de constater que c’est vrai, je suis très cool) et donc je te propose de venir vendredi matin pour que je te fasse ton tatouage en douce, sans que le patron soit au courant. Tu paieras juste l’encre (20€) ». Bon, ben là, j’ai sauté sur l’occasion (surtout vu la taille du tatouage, ça m’aurait coûté au bas mot 300€ à Paris). Et j’ai proposé des bouteilles de vodka en pourboire. Le deal s’est définitivement scellé et je pensais n’entendre parler d’Elise que le vendredi matin, pour mon tatouage donc.

Vous vous doutez bien que la vie m’avait encore tendu un traquenard de derrière les fagots, la coquine.
RDV au prochain post pour découvrir dans quel infâme pétrin je m’étais fourré sans même m’en rendre compte (mais c’est bien le propre des aventuriers, non, de se fourrer dans des infâmes pétrins ? Si Indiana Jones était resté chez lui en charentaises à jouer à la Playstation 3, ça aurait pas rendu pareil, c’est sûr, même avec un chapeau et un fouet). Je voudrais pas être sur-prometteur, mais c'est une de mes meilleures aventures, donc RDV très vite pour la suite !

D'ici là, portez vous bien les gens. T.

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