mercredi 30 mai 2012

21. LE POST A NE SURTOUT PAS RATER : Retour vers le futur.

Petit quizz pour s’échauffer :

Question N°1 (facile, pour se mettre en jambes, vous connaissez tous la réponse) :
Qu’est-ce qu’il y connaît aux femmes, Rick Hunter ?
Réponse : Rien. Il y connaît rien aux femmes Rick Hunter.

Question N°2 :
Comment passe-t-on de cadre Marketing sur-payé à père au foyer sous-payé (et bientôt plus payé du tout) en l’espace de cinq ans ? (ah, ah, ça fait moins les malins tout de suite) 
Réponse : Voir ci-dessous.
[NB : Pour ceux qui ont répondu « It’s adventure, baby ! », je leur accorde ½ point].

Plutôt que de vous gaver sur les raisons de cette apparente (mais néanmoins réelle) dégradation économico-psychologico-sociale avec 368 posts dans lesquels je cracherais ma haine et dirais de très vilains mots (que je ne regretterais même pas) sur les « gentils » gens de chez B*nduelle, je vais tenter de vous faire un raccourci éclair de tout ce qui s’est passé depuis le dernier post jusqu’à aujourd’hui. C’est juste pour mettre en perspective la suite des aventures trépidantes de mes prochains posts, pour celles et ceux qui auraient le courage de continuer à me suivre (ça s’appelle un peu du teasing dans les milieux autorisés).

Allez, on monte tous dans ma Delorean et c’est parti !
Attachez vos ceintures, y s’en est passé des choses…

1/ Pichu, mon AX 4x4 est décédée à 75 000 km car j’avais mis dedans de l’huile « trop efficace pour son moteur » et ça les a flingués, elle et son moteur. C’est pour ça que je suis aventurier et pas garagiste [j’y reviendrai pas, trop de souvenirs douloureux]. Heureusement Belle-Maman nous a donné sa Punto verte (merci encore Belle-Maman), notre voiture actuelle, rebaptisée Jean-Pierre, pasqu’il est vert (pas forcément brillant comme explication, mais ça se défend : ça rime). Mes filles adorent Jean-Pierre, même si, je cite : « il est moche et cabossé et y va pas vite » [J’y reviendrai, j’ai une blinde d’aventures liées à Jean-Pierre].

2/ La semaine du 12 septembre 2007, j’ai eu 30 ans, je me suis marié avec mon amoureuse et j’ai acheté une maison (quand on est un aventurier mystérieux et buriné, on fait les choses à moitié ou on ne les fait pas !) [Tout ça était juste topissime, mais j’y reviendrai pas]. Aussi j’ai dû prendre 5 crédits et c’était une belle connerie (mais c’était un beau mariage réussi et on avait une belle maison alors what the fuck !).

3/ Après un an et demi comme Responsable du Développement des Ventes chez B*nduelle (et oui, toujours avec des majuscules !), ça se passait hyper bien (j’aurais dû sentir que c’était louche) et on m’a proposé une promotion que je me suis empressé d’accepter pour des raisons bassement financières d’une part (500€ nets par mois en plus, c’est une offre qui ne se refuse pas, même pour un aventurier intègre comme moi) et pasque ça me permettait de remettre un pied dans le Marketing produit (alors que je bossais plutôt dans le Marketing enseignes, si tant est que ça parle à quelqu’un), truc que j’aimais a priori bien. A priori. Fatal error occured : j’aurais mieux fait de laisser tous mes pieds en dehors du Marketing produit. Ca s’est bien passé pendant 1 an et après j’ai failli crever deux fois (au sens tout à fait premier du terme) : un premier burn out avec arrêt de deux mois en maison de repos et un deuxième burn out de 6 mois, 9 mois plus tard, suite à deux comas épileptiques. Un peu comme si mon organisme essayait de me faire passer subtilement un message, genre : « Barre toi vite jeune padawan avant d’y laisser ta peau ! ». Aucun aventurier digne de ce nom n’a effectivement, gravé sur sa pierre tombale, « ci-gît un grand aventurier mystérieux et buriné, vaincu par des carottes râpées au jus de citron de Sicile (idem si on remplace les carottes par taboulé à la menthe douce, ça reste grotesque) ». C’est vrai que c’est complètement con et dénué de sens comme cause de mort. J’ai donc décidé de quitter cette « magnifique » entreprise, d’un commun accord avec moi-même, avec le moral en morceaux, la santé en morceaux et 18 kg en moins  [j’y reviendrai pas, je risquerais d’être désobligeant].

4/ Durant mon premier burn out, on m’a diagnostiqué, grâce à plein d’examens super sympas (scans du cerveau, des trucs de ce genre) et à des gentils experts psy que j’avais « décompensé en psychose maniaco-dépressive » (ouhhhhh ça fait peur, on dirait que je suis un gros psychopathe, alors que pas du tout en fait, je suis hyper sympa, c’est mon profil qui le dit). En gros, j’étais devenu bipolaire et je vais donc me coltiner ça jusqu’à la fin de ma vie. Impeccable. [j’y reviendrai pas, ça n’est pas violemment funky]. NB : Pour ceux qui pensent que ça n’est pas une vraie maladie ou que tout le monde est bipolaire, je vais pas me battre, je l’ai trop fait, pour ceux qui se demandent ce que c’est que cette maladie, je vais pas l’expliquer là, je l’ai trop fait également, je pense que wikipédia pourra vous renseigner, et pour ceux qui pensent que grâce à ça, je peux recharger ma batterie de voiture en me mettant une pince croco sur chaque oreille : vous êtes perdus pour la cause, vous sortez !

5/ Zoé, l’infâme chatte de ma femme, a dû pondre environ 256 chatons sur la période, ce qui est beaucoup dans l’absolu, notamment quand on met en perspective son grand âge… [Je reviendrai sur cette immonde bestiole pasqu’elle m’en a fait voir des vertes et des pas mûres, tant il est vrai que je dégueule les chats en général et celle-ci en particulier, puisqu’elle vit chez moi (elle était livrée avec ma femme). Je la hais, elle me hait : entre nous, c’est à celui ou celle qui fera le plus de coups de pute à l’autre – et elle se défend pas mal la morue, je dois dire !].

6/ Joie-bonheur : nous avons fabriqué une petite ratatouille prénommée Margot, 3 ans et demi au garrot à l’heure où je vous parle. Changer de vie en quittant Paris c’est une aventure, fabriquer un babynou tout doux, tout neuf, avec une étiquette « BRAND NEW » dessus, c’est quand même une putain de grosse aventure (surtout quand on est pas du tout flippé comme moi). [Y’a matière à raconter, donc j’y reviendrai…]. Pour ceux qui n’auraient pas suivi ou qui ne me connaissent pas, ma grande fille Sasha a elle aussi été livrée avec sa maman. Je l’ai pas fabriquée, mais c’est un détail. Elle est dans mon cœur et dans mes bras depuis ses deux mois et je l’aime « le plus fort du monde », c’est mon bébé spécial. En plus après quelques longues démarches juridico-admistratives, elle est aujourd’hui officiellement notre premier enfant sur le livret de famille et porte mon nom (la pauvre), mais du coup j’avais jamais vécu de grossesse avant, c’était pour dire ça.

7/ Actuellement, bonne situation de merde : pas l’ombre d’un taf à l’horizon, grillé en Marketing vs trop longue période sans bosser, pas sûr de pouvoir tenir un taf de toutes façons, assedics qui se terminent le 6 septembre prochain, plan de surendettement banque de France avec obligation de vendre la baraque, fins de mois difficiles (qui commencent le 10 du mois)… Bref, c’est pas la joie maximale ! Mais bon, quel aventurier serais-je si j’abandonnais au pied de la montagne ? (Même si elle a l’air sacrément grande, escarpée et pleine de vils pièges fourbes et pernicieux…). La vie est une jungle (manifestement avec des montagnes au milieu), et la jungle, « c’est ma grande passion », comme dirait Omar Sharif (c’était avec le tiercé, mais vous voyez l’idée). [Bon, ben tout ça j’y reviendrai pas, ça n’a aucun intérêt, c’est juste pour vous situer]

8/ Bon, et puis après, il y a toutes les anecdotes liées à mes deux chouquettes qui grandissent et qui, comme tous les gosses j’imagine, sont une source intarissable de rigolade et/ou d’énervement (selon les jours), mais toujours avec une (pour ne pas dire plusieurs) anecdote(s) croustillante(s) à la clé. D’autant plus quand on est père au foyer, subi puis choisi, puisqu’on passe beaucoup de son temps avec sa progéniture d’amour, par définition.

Voilà donc comment je suis devenu père au foyer, voilà pourquoi on est sacrément dans la merde et voilà pourquoi j’ai du temps pour faire un blog…

Pour celles et ceux qui ne se sont pas endormis ou pendus en cours de route :

Sur la base des potentiels sujets que je souhaite aborder dans le futur (cf : ci-dessus) et des posts déjà parus (qui doivent normalement vous avoir familiarisé avec mon style), êtes vous partant(e)s pour continuer l’aventure avec moi ou est-ce le moment d’arrêter (pasque par exemple vous en avez juste rien à foutre ou pasque vous trouvez pas ça drôle du tout, ce qui est évidemment votre droit le plus strict) ?

J’ai juste besoin de savoir pasque mine de rien, ça représente un peu d’investissement-temps cette histoire. Moi, j’y prends du plaisir, mais si je suis seul, ça s’appelle de la masturbation et ça n’a aucun intérêt.

Du coup, ce qui me ferait plaisir (mais vous êtes pas obligé(e)s d’être d’accord), c’est :

1/ De faire vos commentaires (oui/non/merde) SUR LE BLOG sivoplé les gens, idéalement à la suite de ce message par exemple (pasque pour l’instant j’ai tous les commentaires sur mon facebook, ce qui est déjà très bien, mais ça ne participe pas vraiment à une autonomisation dudit blog…).

2/ De vous inscrire comme membre officiel du blog (j’ai rajouté cette magnifique fonctionnalité récemment) : ça se passe tout en bas du blog. Si je pouvais avoir, disons, 20 membres comme noyau dur, je trouverais ça déjà super cool !

3/ Et puis, si vous êtes d’accord pour qu’on continue, et comme je suis une tête de pioche d’aventurier mystérieux et buriné, de m'aider à atteindre les 4000 pages vues pour continuer. Pour cela, vous avez toujours le droit de faire passer le message autour de vous et si ça fonctionne pas, et ben vous prenez vos grands-parents, vos voisins et les profs de vos gosses en otage et vous les forcez à lire tous les messages un par un (c’est facile en plus, y z’ont des numéros - les messages, pas les otages ! Ceci étant vous avez le droit de donner des numéros à vos otages si le coeur vous en dit) jusqu’à ce qu’on soit à 4000 (pour info à date, avant de publier ce post, on en est à 3776, c’est pas si loin).

Voilà, je crois bien que la balle est dans votre camp (merci d’avance de ne pas me la renvoyer trop violemment dans la figure)

A vous lire les gens, portez vous bien. T.

mardi 29 mai 2012

20. To Sasha with love.

Période : 23 Mars 2007
Situation sentimentale : En couple (dans le péché), une petite Sasha.
Localisation géographique : Quimper, ville fleurie (et accessoirement trou du cul du monde).
Situation professionnelle : Très bon poste dans une grosse boîte qui fait des légumes (chut chut pas de marque).

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Depuis le dernier post, les choses avaient pas mal évolué (dans le bon sens, contrairement au prochain post où vous assisterez à l’escalade de la violence dans la dégringolade d’un puit sans fond). Pasque je faisais l’affaire probablement (un peu) et/ou pasqu’ils avaient personne d’autres sous la main (on ne saura jamais), les « gentils » gens de chez B*nduelle ont raccourci ma période d’essai et m’ont confirmé dans mon poste après un mois (vs période d’essai initiale de 3 mois), ce qui était somme toute une très bonne nouvelle.

Ca m’a permis de rapatrier ma p’tite famille sur Quimper illico presto, dans une très jolie maison en location qui ressemblait à 50% à une maison de Schtroumpf et à 50% à une maison de conte de fée avec un p’tit jardin tout à fait impeccable. Le tout pour une somme dérisoire compte-tenu de nos référents parisiens. C’est là que nous avons fêté les 2 ans de notre chouquette Sasha. Laissez moi vous dire ceci : les 1 ans de votre enfant, c’est magique, c’est "wouahhhhh il a un an", sauf que le gamin en question, niveau interaction, ça reste encore pauvret. Je trouve perso que le vrai anniversaire qui déchire tout, c’est les deux ans, quand le pitit n’enfant commence à être moins petit, et donc fatalement beaucoup plus grand. Voici donc un condensé de la lettre que j’avais écrite à l’époque à ma petite Sasha qui a aujourd’hui 7 ans, sait lire et écrire, chante Michel Telo en hurlant toute la journée (sans comprendre les paroles, heureusement), se balade en poum-poum short et fait des nœuds à ses T-shirts pasque « ça fait plus sexy papa » (ahhhhhhhhhhhh moins cœur saigne Bud). Bref, ça va me permettre de me rappeler quand elle était encore un bébé, qu’elle n’est plus du tout, mais alors plus du tout (j’en veux pour preuve ultime la crise de pré-ado dans laquelle elle est joyeusement rentrée depuis 1 mois et qui laisse présager du meilleur pour la suite – la suite étant 12 ans si je lis les livres officiels, mais je sens que ça viendra plus vite, une intuition d'aventurier appelez ça !).

Here we go.

 Ma petite Sasha,

Voilà une nouvelle année qui vient de s’écouler et tu fêtes déjà tes deux ans. A ce rythme là, l’an prochain tu passeras ton permis de conduire et tu partiras faire tes études aux USA en colocation avec un punk à chien soixante-huitard : c’est horrible, le temps passe trop vite (tu vas probablement bientôt chausser du 46 comme Papa !).

En même temps, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ta première année sur notre bonne vieille Terre a été un peu chaotique en terme d’habitat(s). J’étais loin de toi et je ne te voyais pas assez à mon goût. On a essayé de faire au mieux avec Maman, mais la distance ne rendait pas les choses très simples. Cette année qui se termine a été riche en rebondissements divers et variés, qui nous conduisent tous les trois vers une jolie vie : Papa a réussi à passer la seconde avec Maman, tant et si bien que vous m’avez suivi toutes les deux à Quimper en Bretagne ( = le pays du porc), où je travaille aujourd’hui dans la salade Traiteur (tout un monde d’érotisme s’il en est – je t’expliquerai plus tard (quand tu auras 65 ans) ce que veut dire érotisme).

Par ailleurs, Maman a eu récemment la bonne idée d’accepter ma demande en mariage et tes parents vont donc se marier dans 6 mois. Ils avancent bien dans les préparatifs et ont vraiment hâte de te voir dans ta petite robe de demoiselle d’honneur. Vous allez toutes les deux vous appeler comme moi (j’ai malheureusement un nom de famille immonde : ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour moi). Dites-vous que c’est très « couleur locale » et que si je m’étais appelé « Brac de La Perrière » (le nom de jeune fille de ma mère), on nous lancerait aujourd’hui des clous rouillés avec du tétanos dessus à tous les coins de rue ou on nous ferait cuire dans des bûchers avec des sorcières ou des contrôleurs des impôts (ou les deux). Je sais, ça fait réfléchir, c’est le but…

Tu cartonnes pas mal dans tous les domaines : tu es toujours adorablissime (C’est décidé, je vais te faire homologuer « truc le plus mignon du monde » par le Guiness Book des Records – ça fera de l’argent pour payer ton voyage aux States) et hyper éveillée (et oui… toujours…). Quel bonheur de t’avoir dans notre vie (sauf quand tu es une chiasse, mais bon, ça n’arrive pas souvent, sauf la nuit – tant il est vrai que tu es une chiasse quasiment toutes les nuits). Là dessus, les mois se suivent et se ressemblent : tu n’as toujours pas trouvé la fonction sommeil et tu es toujours très, très active (même à 4h du mat’ et là, autant te dire que, ni ta vieille mère, ni ton jeune père, ne peuvent suivre : ton énergie est proprement surnaturelle, pour ne pas dire lunaire, le lapin Duracell est une vraie tapette à côté). On a été un peu déstabilisés quand tu as presque réussi à trouver un rythme de croisière nocturne après une visite chez l’ostéo qui t’a chanté « petit cou en caoutchouc, petit cou tout doux, tout mou » en te malaxant ; mais en fait non, on a été vite rassurés : tu as très bien réussi à ne plus faire tes nuits, de nouveau. Même pas mal ! (Quelques cernes tout au plus et aussi quelquefois l’envie de t’expédier au Groenland un jour ou deux par Chronopost), mais rien de bien méchant : même si tu ne veux pas qu’on dorme depuis deux ans, on est toujours fous de toi – et oui, c’est ça l’amour des parents pour leurs enfants : un peu fou, pas bien rationnel et surtout très inconditionnel ! (Souviens t’en STP quand tu feras 1.95m et qu’on sera tous les deux en fauteuils roulants).

Niveau progrès, difficile de faire une liste exhaustive tant tu te développes dans tous les domaines :

Quand on a fêté tes 1 ans, tu venais de faire tes premiers pas de grande (la veille). Certes, tu marchais un peu comme une petite vieille hémiplégique mongolienne à qui des gens mal intentionnés auraient pété les tibias à grands renforts de crosses de hockey, mais bon. Désormais tu cours tout le temps (je crois d’ailleurs que tu ne sais pas marcher). Et tu as définitivement quelques difficultés pour t’arrêter !

Niveau social, tu es la reine de la crèche : tous les garçons sont amoureux de toi, des plus jeunes (9 mois) aux vieux briscards les plus expérimentés (2.5 ans). Toi, tu t’en moques un peu : tu les pousses pour faire les jeux de motricité ou du toboggan à leur place, tu voles leurs doudous, tu les tapes et après tu leur fais des bisous (il faudra que tu comprennes rapidement qu’il n’est pas nécessaire de tabasser un garçon pour lui faire un bisou, sinon ta vie affective s’annonce périlleuse) et aussi tu les mords. Mais bon, ils sont quand même raides de toi (tu apprendras que le garçon aime les fortes personnalités – et de ce côté là, tu n’es pas exactement carencée, ça tombe bien).

Tu dessines beaucoup, tout le temps et partout (le plasma de Papa te remercie d’avance de ne plus l’approcher à moins de deux mètres, la table du salon aussi et la glace de l’entrée du 18ème siècle aussi d’ailleurs). Attention aussi : j’ai entendu Maman dire que si tu dessinais sur notre nouveau canapé de compèt’ (qui a judicieusement été choisi d’une belle couleur blanc cassé, comme nous sommes malins), elle t’enfermerait dans le garage pendant 15 jours avec juste de l’eau et des knakis secs !

Le plus étonnant est probablement tes progrès fulgurants en terme de langage : tu fais des vraies phrases ! (ça nous rajeunit pas). Quel bonheur de voir les mots prendre forme dans ta pitite bouche ! Tu connais tous les animaux et leur cri surtout le lapinou, qui ne fait pas de bruit particulier, mais qui a de grandes oreilles (que tu mimes très bien) et aussi des grandes dents comme Papa. Tu déchires tout aussi en chien (qui fait « wouf, wouf »), un peu moins au niveau du chat (qui, pour toi, fait… « waahouu » (???)) et beaucoup en animaux sauvages, notamment le lion (qui fait « graou »). Par contre, tu continues à croire qu’un pingouin est un canard (alors que pas du tout) et aussi qu’un crabe fait « pou, pou, pou » avec ses pinces. Sur ce dernier point, pas de drame, c’est Papa qui t’a raconté n’importe quoi (sans rancune ?). Papa lutte aussi un peu pour que tu intègres « méduse », mais normalement tu n’en n’auras pas besoin tout de suite pour te faire comprendre dans le grand monde… Quelques soucis aussi avec « girafe », mais rien de bien méchant, il y en a peu dans nos contrées ! Et puis tu sais dire « libellule » et « bêbête », alors…

Tu adores lire des livres (surtout juste avant de te coucher bizarrement). Avec une méthode de lecture bien à toi : tu relis le même livre et/ou la même page potentiellement 50 fois de suite en montrant chaque détail de la page et en le nommant. Ca nous permet de bien profiter du paysage. Niveau culturel toujours, tu adores la musique et tu danses tout le temps dès que tu entends trois notes de musique. C’est cool (sauf Titou le lapinou (l’ancêtre de René la taupe) qui nous *$^ù$^* un peu les noix). Tu pourras bientôt danser avec ton père qui est un p’tit peu ce qui se fait de mieux en la matière (doux euphémisme, je suis 5ème dan de cha-cha)), à tel point qu’on le surnomme dans les milieux bretons autorisés « le john travolta bigouden » (la classe).

Tu galères un brin sur les couleurs (le citron « bleu », la banane « oyange », l’orange « verte », etc…) mais rien d’alarmant (en plus tu maîtrises trop bien le « blanc »). D’un point de vue purement pragmatique, tu mesures 80 cm, pèse 12 kg et chausse du 23. Bref, tout roule ! (et tu vas bientôt pouvoir manger sur la tête de Maman).

Dernière nouveauté en date : Tu as appris « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette… ». Les règles du jeu t’échappent manifestement assez massivement, tant il est vrai que dès qu’on finit la chanson, et même si on n’a pas rigolé du tout, on se prend une bonne grosse baffasse des familles dans notre gueule et tu te marres (et moi aussi by the way - surtout quand c’est Maman qui se prend la bonne grosse baffasse des familles en question).

Aujourd’hui, le 23 Mars, tu m’as dit : « yeu t’aime, Papa ». Du coup, j’étais très zému, et j’ai passé une super journée… sur un pitit nuage. Bon, évidemment, depuis que tu as vu à quel point ça me faisait fondre, tu as tendance à l’utiliser systématiquement dès que tu fais une bêtise (avec, en plus, un « yeu veux un calin » du meilleur effet), mais c’est pas grave, ça me va bien. Aussi tu as dit « cravate ». Ca n’a rien à voir, mais je voulais le mentionner, parce que peu de petites filles de 2 ans savent le dire (je suis très fier, et maman aussi).

Tu nous fais bien rire quand tu engueules ton nounou (toujours là, lui aussi, malgré les années, le vomi, la boue… fidèle au poste !!), en lui disant « C’est mal nounou… tu dors maintenant… c’est pas bien », en agitant ton petit doigt pour qu’il comprenne bien. C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, mais bon, ça nous fait bien marrer (même si on voit bien que tu nous imites : on est vieux certes (enfin surtout ta mère), mais on n’est pas des flanbys, non plus).

Pour finir, je suis toujours aussi heureux (le mot est faible) de t’avoir dans ma vie. Te voir devenir une « grande petite personne » est la chose la plus merveilleuse qui soit : tu es un réservoir de bonheur à toi toute seule. Te voir progresser, apprendre, évoluer, grandir… c’est vraiment de la boulette, petite Sasha !

Je t’aime mon petit ange.

dimanche 27 mai 2012

19. Rebirth : Adventure is back, baby !

Période : Février 2006.
Situation sentimentale : Tutti va bene (mais j’aimerais bien que mon amoureuse et ma fille vivent avec moi) !
Localisation géographique : Concarneau (29).
Situation professionnelle : Responsable du Développement des Ventes chez B*nduelle.

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J’ai donc commencé le taf lundi matin. Je crois bien que j’ai pas dormi du tout dimanche soir (c’est pas bien clair cette histoire… J’ai dû voguer entre excitation (réelle) et angoisse (réelle aussi)). Du coup je ressemblais vraiment à rien le matin, mais c’est pas grave, pasque mon métier c’était pas du tout « top model international », mais « Responsable du Développement des Ventes » (oui Messieurs Dames, avec des majuscules, parfaitement !), alors, hein…

Bref, j’ai fait la tournée des popotes, comme tout nouvel arrivant qui se respecte (et dit bonjour à une centaine de personnes sur une matinée)… Pas retenu trois noms… la classe. Surtout que dès le lundi après-midi, tout le monde me disait « Bonjour Thomas », alors moi je disais juste « Bonjour… ». J’avais l’air un peu con, mais bon, c’était pas grave. En fait, pour l’explication, quand on arrive chez B*nduelle, y prennent une photo de vous et font un grand poster A3 avec et le collent partout dans l’entreprise et dans les usines avec marqué en gros « bienvenue Thomas XXXXX », donc forcément, tous les gars avaient une anti-sèche pour savoir à quoi je ressemblais et qui j’étais… Comme en plus y z’avaient tous reçu un mail qui leur racontait ma vie, mon oeuvre… et que j’étais venu leur dire bonjour dans leur bureau le matin même, ben fatalement y z’avaient juste aucun mérite à connaître mon nom… Mais la pratique était somme toute sympathique et du coup j’avais finalement l’impression de connaître déjà pas mal de monde.

D’ailleurs, je m’entraînais activement à reconnaître les gens avec le trombi interne. Malgré mes efforts, y’avait encore de bon gros loupés la première semaine, genre : « Bonjour Thomas ! », « Bonjour Jean-Claude ! » « Ah, non ! Moi, c’est Jean-Louis ! » (Putain, j’étais pas loin…). Ou encore : « Bonjour Thomas ! », « Bonjour Bernard ! » « Ah non, moi, c’est Josiane ! » (Là, c’était plus emmerdant. On a pas idée aussi d’avoir une aussi grosse moustache et une aussi grosse carrure quand on est de sexe féminin).

Bref, j’étais THE personne incontournable chez Bonduelle cette quinzaine là. C’était pas désagréable. Mon ego d’aventurier mystérieux et buriné (quoique bien dissimulé sous un costume-cravate et un teint verdâtre) était content.

Histoire de calmer un peu mon ego, Josette m’a dit en voyant la photo de mon poster de bienvenue que « Oulala, y t’ont pas raté, t’es vraiment pas réussi ! Surtout tes cheveux, y sont dans tous les sens ! ». Bon, j’ai pas pu lui péter la gueule rapport au fait que j’habite un peu « chez » elle quand même (quasiment), mais j’ai tenté le tout pour le tout avec une approche frontale dont seuls les aventuriers on le secret : je lui ai dit : « Ola ma pauv’ Josette, mais là c’est rien niveau coiffure, je peux vraiment faire bien pire ! Et attends de me voir le week-end à moitié nu en T-shirt avec tous mes tatouages dehors et mes cheveux VRAIMENT destructurés (Dragon Ball Z guerrier sayen 3ème transformation, pour les connaisseurs), tu m’en diras des nouvelles. Un look d’aventurier vrai de vrai, ça s’appelle ». Josette a glapi de détresse, « glap, glap » ça a fait. (Discrètement, mais j’ai quand même tout vu grâce à mon œil de Lynx surentraîné - et tout entendu aussi grâce à mes oreilles de Lynx surentraînées elles aussi). Ah, ah, m’est d’avis que j’suis pas près d’la croiser le week-end la Josette (j’aime autant, ceci dit). D’ailleurs, le fait d’habiter « chez » elle me permettait de créer des relations complices avec pratiquement tout le monde, vu que quand on me demandait où j’habitais, je répondais « chez Josette » et qu’après y rigolaient tous grassement en faisant des clins d’œil non moins gras du style « ah, ah, c’est pas l’dernier à gangbanguer Josette sous le pommier  tous les soirs». Bref, on rigolait bien et l’humour de Province était très joli.

En passant, quelques spécificités sur la boîte et son fonctionnement :

- Le matin, tout le monde disait bonjour à tout le monde (mais alors vraiment à tout le monde, pas juste à ceux qu’on croisait : il fallait faire la tournée de tous les bureau tous les matins) en lui faisant une bise (juste une), alors on perdait déjà une heure à dire bonjour à tout le monde, mais c’était sympathique. Heureusement qu’on faisait pas deux bises, sinon on aurait perdu deux heures et ça aurait été moyen pour la productivité (mon Dieu, j’étais déjà de plus en plus Marketeur et de moins en moins aventurier, c’est affreux)…

- Il existait un répertoire « blagues » officiel sur le réseau. Plutôt que les employés s’envoient entre eux des tonnes de mégas sur leurs boîtes mails, l’informatique préférait que tout soit regroupé au même endroit. Donc tout le monde mettait ses blagues en lignes (texte, vidéos), même les plus grasses (« c’est l’histoire d’une pute… » par exemple).

- Pour le déj, il y avait une cafétéria avec toutes les salades traiteur du groupe gratuites et à volonté. Je trouvais ça terrible. Les gens me disaient qu’au bout d’une semaine, je décèderai d’un surplus de légumes et j’irai plus jamais. C’était tout à fait vrai (et puis c’est bien les fibres, ça permets de pas avoir la chiasse), mais je trouvais l’idée quand même cool sur le principe. Les gens avaient par contre oublié de me dire que les ouvriers de l’usine mangeaient là également et que quand on débarque seul en costume-cravate dans une pièce bondée de tables non moins bondées de gens en blouse bleue, bah on fait méchamment tâche et on se sent moyennement intégré (mais sacrément observé par contre). Ceci étant, j’avais déjà rencontré des tribus aztèques moins accueillantes, alors même pas peur.

- Sinon, le QG bouffe des cadres (vive la lutte des classes), c’était plutôt le magnifique Bistro (sans « t » à la fin) de la Gare, à Rosporden. L’endroit était assez « brut » (je trouve pas d’autre mot, j’ai peur de vite devenir désobligeant), mais l’ambiance était bon enfant et la bière et les putes coulaient à flot, alors… Il y avait deux serveuses : l’une ressemblait à une grosses gouine option « camionneur » (marcel en coton blanc + voix d’homme) et l’autre, on aurait dit la sœur jumelle de Laurence Boccolini avec un piercing en plus dans le nez. Rigolo.

- La moitié de la boîte m’avait déjà proposé de faire du co-voiturage et aussi y me donnaient tous des plans « logement » pour après ma période d’essai (genre : maison bord de mer 150 m² + jardin de 1000 m² = 500 euros par mois !). Les gens étaient vraiment gentils en tous cas.

En un mot comme en cent : beaucoup de taf, mais passionnant et avec des horaires tout à fait convenables compte-tenu de mon historique sur le sujet et une bien belle vie en perspective [EDIT 2012 : ah, ah, quel con, j’y croyais vraiment à cette époque]… Alex et Sasha arrivaient dans 15 jours pour une semaine de vacances chez moi (enfin, « chez » Josette), c’était cool (quoique un peu tendu comme situation, y allait pas falloir que ça dure 10 ans cette connerie. Vivement la fin de ma période d’essai et vivement qu’elle ne soit pas renouvelée de trois mois supplémentaires, il était possible que je n’y survive pas).

L’idée principale de tout ça étant quand même de m’installer très vite dans la région pour de bon, avec un vrai chez moi et ma p’tite famille, loin de chez Josette et de sa collection de biches en porcelaine…

samedi 26 mai 2012

18. Tsunami de bonheur et fin d’une ère.

Période : Février 2006.
Situation sentimentale : Tutti va bene !
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56), plus pour longtemps (gniark gniark).
Situation professionnelle : Got a joooooooooooooooooooooob !

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J’avais donc enfin un job, au terme d’un marathon qui mériterait de rester dans les annales du recrutement (quelle horrible expression). Du coup, mon amoureuse et ma fille étaient venues de Paname pour fêter ça avec moi, puisque ça marquait quand même potentiellement le début de notre nouvelle vie (enfin) tous ensemble, si je réussissait ma période d’essai évidemment. On n’avait quand même jamais vécu tous sous le même toit, c’était pas banal comme construction familiale. Week-end de fou, forcément, trop rapide (forcément aussi). 2/3 de moi sont ensuite repartis vers Paris. Putain, c’était dur. La maison était bien grande et bien vide sans mes deux p’tites femmes. Mais bon, pour une fois, j’étais pas parti vers Paris avec le train, c’était déjà une semi-source de satisfaction…

Bref, il y a pas si longtemps, j‘étais encore un cokaïnomane alcoolique qui ne faisait que travailler 24h/24h et là,  j’étais enfin catapulté dans la vraie vie avec une jolie famille. Putain, c’était bon. Moi qui m’étais fixé comme objectif d’avoir une belle vie et d’être fier de moi à 30 ans, on dirait bien que je venais de gagner deux ans sur mon programme ! (Manquaient plus que le labrador et le Scénic et on était bon). Mon CV d’aventurier allait prendre du galon !

Les jours qui suivirent ont été très enneigés (super la neige : on voit plus les monticules de taupes !). Puis le soleil avait fini par repointer le bout de son nez et brillait alors de mille feux. Du coup, je suis sorti dehors avec Léna en bandoulière (Léna c’est ma guitare, je sais pas en jouer pasque je suis aventurier et pas musicien, mais je peux pas m’empêcher) et je me suis assis sur un rocher mousseux, le corps fouetté par la brise agricole et les effluves graciles de purin. Mes longs cheveux blonds aux reflets platines (comme vous pouvez le constater sur la photo du blog) me fouettaient le visage, je sentais la chaleur du soleil sur ma peau veloutée, mes énormes muscles (ah, ah) faisaient peur aux pitits zécureuils et aux mouflons facétieux qui paissaient dans la rivière en contre-bas, mes doigts ont gratté les cordes de Léna comme guidés par un souffle de magie divine et là, spontanément, les accords et les mots se sont mêlés en une harmonie parfaite. « Song to Alex » ça s’appellait :

« Moi je n'étais rien et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien du sommeil de tes nuits
Je t'aime à mourir
Tu as bâti des ponts entre nous et le ciel
Et nous les traversons à chaque fois que
Tu n’veux pas dormir, tu n’veux pas dormir
Je t'aime à mourir »

C’est moi qui l’ai fait ! (de toutes façons, si je vous avez dit que c’était du surgelé, vous ne m’auriez pas cru ! Si ? Ah, bon, d’accord alors… J’admets que j’ai un peu copié, mais comme je l’ai écrite dans la cabane au fond du jardin, nu sur des galets et à l’encre de mes yeux, ça devrait passer…). Bon, c’était qu’un début, j’avais pas encore trouvé la suite, mais c’était une histoire de jours. Avec un environnement si propice à l’inspiration, je crois bien que ça allait déchirer. C’était aussi une façon de dire au revoir à ma maison du Morbihan pour aller continuer la suite de mes trépidantes aventures encore un peu plus à l’ouest (j’allais finir par atterrir à new York à ce rythme là…) dans le Finistère Sud. J’ai donc pris mon courage à deux mains, mon gros baluchon de voyageur avec les dents (puisque j’avais plus de mains disponibles du coup, rapport à mon courage) et je suis parti, tournant cette première page de ma nouvelle vie sans me retourner. En vrai, je me suis quand même retourné et je me suis pris un moucheron dans l’œil gauche, ce qui a déclenché une grosse crise lacrymale (à moins que ça ne soit l’émotion ?).

Bref, je suis donc arrivé dans mon nouvel environnement finistérien, la veille de mon premier jour chez B*nduelle, chez Josette, la gentille assistante du service Marketing. Elle me louait une « annexe / chambre d’hôte » pendant les trois mois que durerait ma période d’essai (aux frais de B*nduelle of course). C’était un genre de gîte indépendant, qui me permettait d’être autonome. C’était cool. Accueil très sympathique de Josette et Jean-Louis, son mari retraité. Petit pot de bienvenue tranquillou (au jus d’orange), puis découverte de mon nouveau chez moi…

Globalement, c’était top : 85 m², super fonctionnel, pleine campagne avec grand jardin de 3000 m², à quatre minutes de la mer et à 13 bornes du taf (temps de trajet = 9 minutes tous les jours, jamais d’embouteillage, un rêve éveillé). Bref, du tout bon.

Evidemment, j’avais beau avoir bourlingué dans tous les coins du monde, même les plus moches, j’étais pas mal démuni face à certains choix de décoration… Le salon était un modèle du genre. C’était proprement indescriptible (mais je vais essayer quand même : allez hop, hop, hop, mon côté buriné, mystérieux et aventurier reprend le dessus). Le divan à lui seul, pièce maîtresse de la pièce, méritait de figurer au musée des choses les plus laides du monde : il était juste immonde (mais très confortable, alors il lui sera beaucoup pardonné). Les différents bouquets décoratifs disséminés partout dans le salon étaient pas mal aussi, dans la catégorie « quelle est la composition la plus ignoble réalisable avec des fausses fleurs en plastique et tissu ? » (Certaines compositions intégrant même, comble du chic, un napperon en dentelles, certainement tricoté main, dessous elles). Après, mon cœur balançait entre la superbe collection de biches en porcelaine (un régal) et les espèces de coussins maronnasses sis de magnifiques feuilles de bambou dorées (on en mangerait), négligemment jetés sur les fauteuils club en cuir marron-vert (miam-miam)…

Mais bon, restons objectifs, hormis cet affreux salon, c’était vraiment génial et clairement tout confort (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, etc…). En plus je rigole, je rigole (et même je me moque, c’est très mal), mais Josette était adorable.

Par contre, je sais pas si y’a une rubrique « déco la plus moche du monde » dans le Guiness Book des Records, mais je pense que, si oui, on avait de bonnes chances d’y retrouver ce salon (et en première position qui plus est).

mercredi 23 mai 2012

17. Road trip dans le grand Nord.

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèèès amoureux.
Localisation géographique : Road trip aller-retour de la cambrousse Morbihannaise (56) jusqu’à Villeneuve d’Asq (59), en passant par Paname.
Situation professionnelle : Juste le RMI pour vivre, 4ème et dernier entretien chez B*nduelle.

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Après avoir cherché du travail pendant 6 mois (tout pile), me voilà - semblait-il - arrivé au bout de mon périple. En même temps, rentrer chez B*nduelle, c’était un peu comme essayer de s’évader de Fort Knox (à l’envers, s’entend), il fallait quand même une bonne dose de motivation. C’est pas comme si non plus le sort du monde dépendait des gens de cette boîte, c’était un peu fou ce process de recrutement... Quoi qu’il en soit, à bien y réfléchir, il me faisait bien rire l’autre con avec son fouet et son chapeau à chercher l’arche d’alliance perdue, le temple maudit perdu, la dernière croisade perdue et le royaume du crâne de cristal perdu… des missions de tafiole tout ça ! Comme de par hasard il avait jamais essayé de rentrer chez B*nduelle, et ben, moi, messieurs dames, je l’ai tenté ! (tiens, prends toi ça dans tes dents Indy !).

Bon, en même temps, il était temps que ce périple se termine parce que j’étais à deux doigts de perdre pied (ah ah, aventurier et trublion, que de cordes à mon arc !) : après avoir commencé par faire le couillon dans des bars en défiant les convives à des jeux de force, types bras de fer (pour lesquels je perdais systématiquement comme une vieille merde rapport à ma carrure pas du tout impressionnante (il est à noter que mon air buriné et mystérieux ne m’aide jamais beaucoup dans ces situations)), je m’étais lancé à corps perdu dans la recherche de petits boulots alimentaires : doublure de momies, petits rôles de grand brûlés dans des doublures de séries Z, écorcheur de morses, éleveur de bousiers, mesureur de grosses et de moyennes boîtes…J’en passe et des meilleurs… Toujours est-il que je n’avais jamais réussi à me stabiliser.

Puis vint l’opportunité « B*nduelle », comme un signe divin et lumineux perçant la pénombre et dissipant les brumes de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le désert professionnel morbihannais (woah, trop cool, je deviens poète ! Encore une corde supplémentaire à mon arc – il va définitivement falloir que je me rachète un arc plus grand). En même temps, c’était une opportunité dans le Finistère, mais c’est un détail…

A ce stade, j’avais donc déjà rencontré quatre personnes de chez B*nduelle Traiteur (sur deux RDV), fait 3 heures de tests de logique/d’intelligence/de personnalité et eu un entretien d’1h30 avec un consultant « ès profil ». Autant dire qu’on était plus que trois. Après j’ai su qu’on était plus que deux et que j’avais RDV avec une meuf de chez B*nduelle groupe à Villeneuve d’Ascq (siège du groupe) le 23 Janvier à 14h.

Avant toute chose, laissez moi savourer en votre compagnie une nouvelle pas banale entendue à la radio le 23 Janvier (le sort s’acharne contre moi ou je ne m’y connais pas) : cette date était statistiquement (c’était validé par un grand ponte américain, autant dire que c’était forcément vrai) le jour le plus déprimant de l’année. Bah ça, pour une chance, j’étais verni ! Il semblerait que ça s’explique par l’éloignement des fêtes, la nouvelle année qui commence, l’hiver qui s‘installe, etc, etc… Donc je me dis : « c’est bien ma veine, ce satané destin fait encore des siennes ». Et après je me suis ressaisis (quand même) et je me suis dis qu’on était plus que deux, que c’était les 10 mois de ma fille et que j’allais voir mes deux amours le soir même, alors what the fuck la malédiction du 23 Janvier (sorte de dérivé de la méthode Coué).

Bien m’en a pris. Après avoir fait 700 bornes en voiture/métro/train/métro/pieds/trottinette/rollers/rampage, me voilà au siège de B*nduelle à Villeneuve d’Ascq. Le temps était froid, mais sec et le blizzard du Nord fouettait mon visage buriné par ces 6 derniers mois de soleil breton. Je me sentais bizarrement détendu et joyeux et serein (et oui, tout ça). Whatever happens, je n’aurais pas à rougir. Après, j’ai rencontré la gentille Madame de chez B*nduelle DRH et ça c’est très bien passé (ma blague « c’est l’histoire d’une pute… » fonctionne décidément en toutes circonstances). J’ai appris qu’en fait, elle ne recevait que moi, « juste pour valider si j’étais bien corporate » (comprenne qui pourra)… Donc la Directrice Marketing qui m’a dit qu’on était plus que deux m’avait menti (la coquine). Bref, ça sentait sacrément bon. Alors maintenant, je croisais mes doigts et mes doigts de pieds très fort pour avoir une ch’tite confirmation écrite (ou même orale) de tout ça, mais ça sentait moins le sapin qu’à une époque. Ahhhhhhhhhhhh je voulais ce poste. C’était trop bon.

Bilan des courses : 1400 bornes sur deux jours, et le soir je voyais ma fille et mon amoureuse sur Paname. Elle avait 10 mois et quatre dents (ma fille). Les bébés normaux y font plutôt leurs 4 dents du milieu d’abord (2 en haut et 2 en bas), et y ressemblent à des castors ; Bah non, la mienne, elle voulait faire aventurier, comme son papa, alors elle a fait pousser ses deux dents du milieu en bas, mais par contre en haut, elle a préféré commencer par ses 2 canines. On aurait dit un mini-vampire - je faisais gaffe à mes jugulaires du coup). Sinon j’étais tellement amoureux de mon amoureuse que s’en était surnaturel. Je nageais en plein bonheur (le dos crawlé, c’est comme ça qu’on nage quand on est mystérieux et buriné pasque la brasse, même papillon, ça l’fait pas du tout).

Et histoire de faire mentir les statistiques, j’ai eu une confirmation officielle de B*nduelle pour le poste le soir même. Yahouuuuuuuuuuu, j’avais un taf ! J’étais donc désormais mystérieux, buriné et cadre sup.

Restait plus qu’à aller voir le gros con de grand ponte américain qui avait pondu sa satanée étude pourrie sur le 23 Janvier pour lui expliquer le fond de ma pensée…

mardi 22 mai 2012

16. Vendredi 13 (PART III/III) : 19h-20h45 > Marathon Man veut rentrer dormir dans sa maison.

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèès amoureux.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Juste le RMI pour vivre, 3ème entretien chez B*nduelle.

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Bon, à cette heure-ci (19h00, donc), j’avais enfin fini mon marathon de tests et appris au passage que j’avais une quadri-potentialité des préférences cérébrales (la classe). Très hônnetement, j’aurais bien fini ma journée sur cette (bonne ?) nouvelle. Sauf que, non, il fallait que je me rende à Rosporden chez B*nduelle pour un ultime entretien avec le Directeur Commercial et Marketing et un autre gars des RH. Je vous cache pas qu’il a fallu que je puise trèèèèèèèèèèès loin dans mon organisme pour trouver l’énergie de ramper en voiture jusque là-bas. Tout avait plutôt bien commencé, puisque je suis arrivé à Rosporden 15 mn plus tard. Jusque là, je me félicitais chaleureusement dans mon for intérieur (« yeah, félicitations bonhomme, t’es un king »). Mais tout d’un coup, la situation a basculé dans le drame sans crier gare. J’étais donc à Rosporden, mais incapable de savoir où exactement et SURTOUT (beaucoup plus emmerdant) sans savoir où était B*nduelle dans toute cette merde (alors que l’usine fait la moitié de la ville et est grosse comme à peu près un énorme troupeau de mammouths obèses). Comme j’avais RDV initialement vers 17h30-18h00, et qu’il était 19h10, je commençais tranquillement à stresser (j’avais que le n° de tél d’une assistante et bien sûr elle s’était barrée en week-end depuis belle lurette cette gourdasse, donc pas moyen de prévenir quiconque là-bas) (« yeah, t’aurais mieux fais de fermer ta gueule bonhomme, t’es vraiment et définitivement une grosse quiche en orientation »).

Après j’ai découvert - avec une joie à peine déguisée - que Rosporden était la ville qui comprenait :
-          le plus de rond-points au monde,
-          les plus gros rond-points au monde (et donc avec le plus de directions différentes par rond-point).

Fort de cet affreux double constat, j’ai tenté toutes les combinaisons de ronds-points possibles sans succès (et en zappant manifestement la seule combinaison qui m’aurait fait arriver chez B*nduelle). J’ai dû passer 28 fois devant le Super U, mais de B*nduelle, point de trace. A deux doigts de me laisser crever dans un ravin, je reçois un coup de fil salvateur du Directeur Commercial et Marketing qui me demande si je suis décédé. Je lui réponds que c’est pour bientôt, mais qu’à l’heure où je lui parle je m’accroche encore tant bien que mal à la vie… Il essaie de m’indiquer le chemin, mais ça nécessite quand même plusieurs rappels de ma part avant de voir se profiler à l’horizon mon troupeau de mammouths préféré. Autant dire qu’avant même d’arriver, je brillais déjà par mon autonomie, mon efficacité et ma capacité de déplacement. Tout cela n’a finalement pris que 20 mn, mais j’ai vraiment eu l’impression de rester kéblo dans une dimension temporelle parallèle pendant trois mois. A une époque mon retard m’aurait embêté pour mon entretien à venir. Mais là, j’étais tellement vanné que je m’en carrais le cul royal. J’étais juste très emmerdé de faire poireauter les deux gentilles personnes qui devaient me recevoir jusqu’à 19h30 un vendredi soir (autant dire qu’il ne restait plus qu’eux dans toute la boîte).

L’entretien s’est vraiment très bien passé (perception personnelle, ça vaut c’que ça vaut). Le Directeur Commercial et Marketing m’a expliqué qu’il ne me prenait pas du tout pour un fou (rapport à ma décision de tout plaquer pour venir vivre en Bretagne), que lui même avait fait le même choix et qu’il comprenait très bien. Ensuite y m’ont dit qu’ils cherchaient un profil senior exactement comme le mien (le zazard fait bien les choses, faites vous plaisir les gars : pick me ! pick me !) et qu’ils étaient prêts à m’aider pour gérer ma période d’essai, puis pour me trouver une jolie p’tite maison pour ma famille et moi. Ben je suis sorti de là en pleine forme du coup. Je restais calme, rien n’était fait. Mais bon, j’avais comme un bon feeling.

Autant dire que si ça foirait, j’aurais vraiment l’air d’un con. On était plus vraiment à ça près.

Bilan des courses, après avoir parcouru les 140 km qui me séparaient de chez moi :
-          J’étais au bord du décès,
-          J’étais très content quand même (1. C’était fini / 2. Ca s’était plutôt bien passé),
-          J’avais un cerveau bizarre, mais pas inintéressant,
-          Le poste était une tuerie, je le voulais,
-          Les gens chez B*nduelle avaient l’air tous pros et sympas : je les aimais déjà [EDIT 2012 : AH ! AH ! Comme j’étais jeune et innocent à l’époque ! Un vrai porcassin qui vient de naître ! A l’heure actuelle je suis BEAUCOUP plus mitigé – doux euphémisme. Nous y reviendrons].

La malédiction éternelle qui semblait peser sur moi n’était en fait qu’un mirage maléfique créé par une puissance malfaisante essayant de me pourrir la vie. Et je l’avais vaincue. Rien de génétique donc. Good news. Go to hell vendredi 13, même pas peur !

Putain j’aurais dû jouer à l’Euromillion, quel couillon !

15. Vendredi 13 (PART II/III) : 11h-19h00 > Marathon Man contre l’infâme Dr. Tests.

Période : Janvier 2006, accessoirement vendredi 13.
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèèès amoureux.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Juste le RMI pour vivre, 2ème entretien pour B*nduelle.

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On s’était quitté alors que je commençais à réaliser que la malédiction maléfique qui me poursuivait depuis 9 ans faisait probablement partie de mon patrimoine génétique. Après les « bonnes » nouvelles du matin (la mort de mon gazon par voie de tractopelle interposée, la réponse négative pur un poste qui me plaisait bien), j'étais donc parti par monts et par vaux vers Quimper, pour un après-midi marathon rempli de plein de jolis tests tous plus chamarrés et bigarrés les uns que les autres, dans un cabinet de recrutement.

Contre toutes attentes, une fois encore, je me suis pas perdu et suis arrivé très en avance (12h30 vs RDV à 14h). Super. Il va falloir que j’arrête de dire que je suis nul en orientation (ou que j’avoue enfin à la terre entière que j’ai un GPS, ce qui va en mettre un sacré coup à mon statut d’aventurier, mais bon, à ma décharge, j'ai un GPS sacrément buriné et mystérieux et y s'appelle presque comme moi TOMTOM, alors bon)…

Sur ce, j’ai donc enchaîné l’ensemble des tests de personnalité, d’intelligence (ou de connerie, ça dépend des réponses qu’on donne finalement) et de logique disponibles sur le marché aujourd’hui. Comme j’avais pas dormi depuis un bout de temps et que par ailleurs j’avais pas vraiment utilisé mon cerveau, ni écrit avec un stylo depuis 5 mois, et ben ça a été coton. Je sais pas quel est le connard qui a décidé qu’il fallait passer par tout ça en si peu de temps pour montrer ce que l’on valait, mais il a dû avoir de sacrés problèmes avec sa maman dans son enfance et/ou raté son stade anal et/ou s’être lancé depuis dans une brillante carrière de sociopathe/psychopathe spécialisation sadique. Les 3 hypothèses étant potentiellement non exclusives les unes des autres, je suppose qu’il cumulait les trois !

14h-14h40 : Un test de personnalité avec 300 questions où il faut répondre « oui » ou « non » ou « ne sais pas » (mais on a le droit qu’à 4 « ne sais pas »). L’avantage de ce genre de test, c’est qu’on peut pas se planter. Bon, à la fin de ce truc là, j’avais juste envie de dormir et aussi j’étais violemment paralysé du cou, vu que ça faisait trop longtemps que je m’étais pas assis à une table pour écrire un truc. Pas le temps de me remettre de mes émotions, on enchaîne.

14h40-15h00 : Test logique à base de suites de dominos. Je me suis dit : « Oh, cool, des dominos, ça va être rigolo ». En fait, non. Pas du tout. J’ai pas pu finir. Mais bon, la meuf m’a dit que personne n’y arrivait. Impeccable. Merci Madame. C’est bien intelligent de proposer des tests impossibles à réussir à tout le monde. C’est bon pour la confiance en soi. Je hais les dominos maintenant du coup.

15h00-15h45 : Test de profil psychologique. Idem premier test, on peut pas se planter. Y faut juste prier pour que le profil qui émerge corresponde à celui recherché par le futur employeur… (sivoplé petit Jésus…)

15h45-16h10 : Test de logique littéraire. Le pire truc qu’il m’est été donné de voir dans ma vie. En gros, on a une phrase de base et il faut ensuite choisir parmi 5 phrases les deux qui se rapprochent le plus de la phrase initiale (ou qui s’en éloignent le moins). J’ai fini par cocher des trucs au pif…

16h10-16h30 : Nouveau test de suites logiques qui mêlent chiffres+nombres+lettres+mots. Hyper relou.

16h30-16h40 : Un test de rapidité et d’adaptabilité en deux parties. Première partie, en 5 minutes : on a deux colonnes de nombres et il faut mettre une croix entre les deux colonnes dès que les nombres sont identiques (sachant que ces nombres peuvent avoir 12 chiffres). Deuxième partie, 5 minutes aussi, mais c’est l’inverse : il faut mettre une croix entre les deux colonnes lorsque les nombres sont différents. Un régal.

16h40-17h00 : Ultime test. Ca tombait bien : j’avais justement pas du tout envie de mourir de sommeil. Il s’agissait de se décrire sous trois angles différents : description par un de ses potes, description par soi même et description par quelqu’un qui nous aime pas. Relativement atroce.

17h30-19h00 : Après ces 3h de tests, je n’étais plus qu’une grosse douleur physique et intellectuelle. Mais c’était pas le moment de faiblir, pasque j’avais un entretien avec le chef du cabinet de recrutement. 1h30. Madre de Dios, j’ai bien cru que j’allais crever. Mais en fait, non. Le gentil Monsieur m’a expliqué, sur la base des premiers résultats de mes 246 tests, que j’avais une quadri-potentialité des préférences cérébrales. J’ai pas tout bien compris (ça parlait de système limbique et autres joyeusetés cérébralo-psycholo-neurologiques), mais en gros c’est un fonctionnement de cerveau un peu bizarre : les gens normaux sont spécialisés dans une seule zone de préférence cérébrale (c’est pour ça qu’il la préfère d’aillleurs), moi je préfère les 4. Ca veut ABSOLUMENT rien dire en terme d’intelligence, hein, je suis pas en train de me la péter en disant que j’ai le QI d’Einstein.

Il a d’ailleurs conclu très sympathiquement en disant que « ça devait pas être tous les jours facile d’être moi ». J’ai été obligé d’avouer qu’effectivement, pour buriné et mystérieux que j’étais, non ça n’était pas tous les jours facile d’être dans ma tête et que ça avait pas été évident de gérer ma pauvre vie jusque là. La lobotomie, même partielle, n’étant pas vraiment une option, je devrais bien faire avec.

A ce stade, j’avais plutôt envie de vite rentrer dans ma maison et dormir pendant 25 jours (minimum). Mais point de salut. A la place, il fallait que je retourne chez B*nduelle pour rencontrer le Directeur Commercial et Marketing + un autre mec des RH. Youplala ! Dans la vie, on est un aventurier mystérieux et buriné ou on est une tapette. J’ai choisi mon camp (celui de l’aventurier, hein, juste pour qu’il n’y ait pas de confusion). Bah putain, si ça marchait, je l’aurais mérité mon poste !

TO BE CONTINUED…

14. Vendredi 13 (PART I/III) : 9h-11h > Le retour de la malédiction maléfique.

Période : Janvier 2006, accessoirement VENDREDI 13.
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèèès amoureux.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Juste le RMI pour vivre, entretien chez B*nduelle.

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Aujourd’hui vendredi 13, j’avais donc la deuxième étape de mon recrutement chez B*nduelle : cabinet de recrutement, tests et compagnie… Bon, j’ai jamais vraiment été superstitieux, ou plutôt je m’étais jamais vraiment positionné sur la question. Alors j’attendais de voir ce que donnerait cette journée pour me faire une idée une bonne fois pour toute.

Clairement, si je me basais sur mon début de matinée, tout m’incitait à fuir les vendredi 13 comme la lèpre (ou la peste, ou le choléra, ou la grippe aviaire, ou les mycoses du cul…, bref, tout ce qui fait chier ou représente un potentiel danger pour ma personne…). En effet, outre le fait que j’étais quand même pas mal stressé rapport à mon après-midi marathon à venir, j’ai découvert avec joie et bonheur que les affreux ouvriers qui me harcelaient moralement et quasi-physiquement en face de chez moi depuis 5 mois avaient tenté une attaque frontale (mais alors de chez méchamment frontale). Ces gros cons ont collé une remorqueuse à bulldozer (véhicule gracile s’il en est et qui ne pèse pas du tout 258 tonnes) sur une partie de mon gazon et ensuite, y z’ont fait monter dessus un bulldozer (logique pour une remorqueuse à bulldozer me direz-vous, et je pourrai pas vous contre-dire - mais on a beau dire, ça a par là même fait augmenter le poids total de la bête à 368 tonnes). Du coup, bah fatalement ça pesait lourd ces conneries et quand y sont partis, à la place de mon gazon, y restait approximativement rien sauf des grosses traces de boue dégueulasses. Pour info, du beau gazon vert, tendre et joyeux - un peu fou-fou même - se tenait en lieu et place desdites infâmes traces… Super début de journée. Motherfucking Vendredi 13. Ca s’annonçait mal.

Alors après, encore tout au deuil de feu mon bébé-gazon, je vais voir dans ma boîte aux lettres, des fois que j’aurais une bonne nouvelle dedans (sur un malentendu, on sait jamais). Point de malentendu, point de salut. J’avais juste une lettre d’une autre entreprise, une des pistes que j’avais en cours pour un poste de chef de produits « baby food et produits bien-être ». Autant dire que le poste me branchait bien et que surtout, quand je regardais la description de ce qu’ils recherchaient, j’étais quand même pile poil dans la plaque. Et ben non, y voulaient pas de moi. C’était lunaire. Surtout que j’avais postulé y’a cinq jours. On dirait presque qu’y z’avaient envoyé le courrier de refus avant même d’avoir reçu ma candidature… (qui a dit parano ?). C’était vraiment chiant, pasque je me disais que, même si ça se passait mal chez B*nduelle l’après-midi, je pourrais me dire que j’avais encore des pistes à explorer.

Bref, j’allais pas me laisser marcher dessus (je suis pas du tout un bébé-gazon), et je les appellerais rapidement pour comprendre. Comprendre, c’est avancer. Et j’avais vraiment besoin d’avancer ces temps-ci. Et puis j’irai clouer des labradors morts, les pattes en croix, la tête à l’envers et fourrés au fenouil pour attirer le mauvais oeil sur tous les salariés de cette satanée entreprise, accessoirement sur plusieurs générations si possible. Y faut absolument que je révise mes sorts vaudous, ça devient urgent.

Sur cette base, et à 11h du mat, il était quasi-certain que vendredi 13 était synonyme de malédiction maléfique éternelle. Mais la vie nous réserve parfois de bonnes surprises.

TO BE CONTINUED… (vite)

samedi 19 mai 2012

13. Vive le légume !

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, trèèèès amoureux.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Juste le RMI pour vivre, quelques entretiens à droite à gauche.

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Bon ben c’était pas tout ça, mais il fallait quand même que je me penche tranquillement mais efficacement sur la recherche d’un job. Je m’étais laissé 6 mois pour refaire ma vie en Bretagne et le temps passait aussi rapidement que plusieurs générations de morpions sur le cul d’une vieille pute (ohhhhh la vilaine métaphore que voilà). Et puis mon amoureuse et ma fille me manquaient tout de même terriblement (on peut être aventurier, on n’en est pas moins homme).

Outre mes entretiens désespérants chez D’aucy (3 runs d’entretiens pour terminer deuxième – « le poulidor du recrutement » qu’on m’appellait dans les milieux autorisés), j’avais quand même (mine de rien) un autre entretien plus tard chez B*nduelle (chut chut pas de marque). J’étais à deux doigts de penser que ma destinée d’aventurier était liée de près ou de loin aux légumes. Jusque là, restons lucides, c’était plutôt de loin, mais bon, il se pourrait (GROS conditionnel) que ça se rapproche. Donc j’avais RDV à 18h chez B*nduelle. Ceux qui ont suivi mes aventures palpitantes depuis mon arrivée en Bretagne et/ou ceux qui me connaissent un minimum savent bien que je suis pas vraiment un king ni en orientation, ni en conduite de voiture. Alors, autant vous dire que je suis toujours très content lorsque je dois me rendre en territoire inconnu avec mon fier destrier (une AX 4x4, aberration génético-marketing que l’on doit à Citroên et dont je possède l’un des deux modèles produits en France – l’autre appartenant à EDF-GDF je crois).

Bref, me voilà en route vers ma nouvelle Terra Incognita bretonne (en plein Finistère Sud), ayant bien pris soin de prendre une très très grosse marge de manœuvre temporelle, histoire d’avoir le temps de me perdre trois fois dans une forêt mystérieuse et burinée, d’en sortir (trois fois, donc), d’anticiper des attaques éventuelles d’ours ou d’huîtres (je connaissais mal la topographie animale du Finistère Sud) et d’arriver quand même à l’heure à mon RDV. Bon, ben y fallait que j’arrête de me sous-estimer. Contre toutes attentes, je ne me suis pas perdu (même pas une fois) et je suis donc arrivé comme une fleur (et accessoirement comme un con) à 16h30. J’ai beaucoup aimé l’attente sous le crachin avec une température de –2°C pendant une heure. J’avais les doigts bleux et quand j’ai dit bonjour à mes 2 interlocuteurs, j’avais l’impression de leur serrer la main avec un moignon inerte. Mais bon, y z’ont été cool, y m’ont quand même reçu (la peur d’un procès pour discrimination anti-moigon inerte sans doute ?…) - et à 17h30 qui plus est, ce qui était plutôt sympa. De toute façon, s’ils avaient attendu 18h, y z’auraient retrouvé mon p’tit corps calciné, mort d’hypothermie (phénomène très rare, sorte d’hydrocution inversée mâtinée de combustion spontanée)…

Une fois n’est pas coutume, j’ai complètement foiré mon début d’entretien (option : je présente mes 6 ans d’expérience en 5 minutes / je sais jamais doser le niveau de détails) et donc on me demande de recommencer avec un niveau de détails micro-économique - ce que j’ai fait avec une joie de vivre sans cesse renouvelée. Pas si mal passé finalement je crois. A la fin, le DRH (qui est très actif dans le milieu universitaire local, notamment sur le thème « la nouvelle génération d’actifs ») m’a dit que j’étais « l’archétype de cette nouvelle génération, et que ça faisait de moi un mystère pour les gens comme lui de l’ancienne génération ». Il faut dire que mes moults changements de boîtes successifs, plus mon changement de vie aussi brusque que soudain (et sans doute aussi mon teint mystérieux et buriné) les ont beaucoup fait réfléchir. Bref, pas bien sûr que ça soit très positif cette petite phrase finale. Et moi, qui n’aspire dans la vie qu’à la recherche d’aspérités et de différenciation vs le reste du monde, me voilà catapulté « archétype de ma génération ». Bah putain, y m’aurait traité de gros enculé zoophile, pour moi c’était pareil (mais moins professionnel, certes)… Ceci dit, il avait une tête gentille.

L’autre personne, c‘était la Directrice Marketing. Très sympa aussi, et tout à fait en ligne avec ce que l’on est en droit d’attendre d’une Directrice Marketing. Style « je suis une femme qui a réussi et donc j’aime manger des morceaux de requin blanc tous les jours au petit déjeuner avec mes céréales light ». Physiquement, c’était un peu un mix entre Sophie Davant et la meuf qui présentait la circulation sur France 2 il y a quelques années (je sais plus son nom). Elle était sympa, quoique un peu tendue au début. Mais bon, après j’ai fait des p’tites blagues (avec du recul, pas bien sûr non plus que ça ait été une bonne idée ces blagues) et on s’est tous déridés ! Après on est allé aux putes ensemble, c’était vachement sympa. Et ça a déjà créé des liens au cas où j’intègrerais l’équipe un jour (on a beau dire, partager des putes ça crée toujours des liens - et quelquefois aussi des MST, mais alors là c'est beaucoup moins drôle tout de suite). Sinon le poste était top : Super intéressant et très bien pour mon CV si ça marchait. Réponse prévue sous une semaine, c’était cool, j’aurai pas à poireauter pendant 6 mois.

Ceci étant, comme à chaque fois, plus je réfléchissais et plus je me disais que j’avais tout foiré. Dans ce cas, à la fois ça serait chiant et à la fois ça m’éviterait de devoir recommencer une nouvelle vie dans le Finistère (il fallait absolument que j’arrête de recommencer une nouvelle vie tous les 6 mois, même si c’était bon pour l’écriture de ma légende personnelle). Mais bon, en vrai de vrai, je voulais vraiment que ça marche. [Il se trouve que l’entretien s’était effectivement bien passé et que j’ai reçu des nouvelles comme promis une semaine plus tard : j’avais désormais RDV avec un cabinet de recrutement pour faire des tonnes de tests – et ça tombait un vendredi 13, ô joie ! J’y reviendrai dans mes prochains posts].

Mais revenons à nos moutons : comme l’entretien avait duré deux heures trente (call me Marathon Man), et ben je suis sorti, il était donc 20h00. Mais c’était pas tout. Fatalement il faisait nuit. Il faisait aussi très très froid. Et aussi, sinon, il y avait du givre et du brouillard. J’étais très content. Mais comme la pression retombait, j’étais dans ma phase anesthésie quasi-générale. Ce qui explique probablement que j’ai raté un panneau clé sur le chemin et que je me sois donc retrouvé sur la nationale vers Brest (l’opposé de ma route). A moins que ça ne soit dû à ma nullité congénitale pour l’orientation. Bref, j’ai failli m’arrêter pour me laisser mourir sur le bas côté, mais je me suis repris grâce à un spot radio qui m’a bien fait rire et m’a donné envie de retrouver ma maison, même si je devais faire un détour de 450 km pour y arriver (c’est fou comme parfois l’envie de vivre tient à peu de chose). Le spot en question était pour Carrefour. Je dois dire que les spots radio pour la distribution sont toujours des grands moments de créativité et de qualité, mais alors là…

Ca disait :

**Petite musique d’ambiance**
Voix Off : « C’est la fêtes du porc chez Carrefour ! »
Consommateur lambda : « Moi, la fête du porc, j’adore ! ».
**Petite musique d’ambiance**

Bon, sorti de son contexte, forcément, c’est probablement pas à hurler de rire… Mais avec la musique qui va bien et la certitude que la fin de sa vie est proche, ça prend une toute autre ampleur, croyez-moi. Après j’ai bénéficié d’une baisse du brouillard, donc j’ai pu lire les panneaux et rentrer chez moi.

Sauf que comme j’avais beaucoup pris sur moi pour les trajets et pour l’entretien lui-même, je me suis dit que j’avais droit à un Mc Do. Je sais, c’est mal, normalement, j’ai pas le droit pasque c’est trop cher, mais bon, je me suis dit : « What’s the fuck after all ? ». La bonne idée. Je suis arrivé au Mc Do à 21h45. Il y avait 2 clients en salle (dont moi) + 1 client McDrive. Et genre 12 caissières. Et ben ces gourdasses ont quand même réussi à emmêler les trois commandes et donc elles arrêtaient pas de changer les sandwichs de sac et de crier dans tous les sens. Il y en a même une qui s’est écroulée en pleurs en disant « j’y arriverai jamais, j’y arriverai jamais ». Putain, bonjour la flèche. Alors j’ai essayé de lui faire un sourire genre « c’est pas grave connasse, je suis pas du tout en train de crever sur place tellement j’ai la dalle ». Mais je crois qu’elle a dû percevoir mon impatience et elle a pleuré deux fois plus fort. Je l’ai achevée à la hache (proprement, elle a pas souffert) et du coup tout le monde a repris son calme, y z’ont nettoyé la flaque de sang et se sont débarrassé des restes (je ne mangerai plus de hamburgers dans ce Mc Do pendant une semaine par sécurité) et nous avons tous eu notre commande (sans erreur). Un petit miracle.

Bref, je suis sorti de là à 22h15 avec des sandwichs froids. Y’a pas à chier, ça gâche un peu le plaisir.